Ceci est un dispositif médical
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 13 septembre 2016 10:53
- Écrit par Claude Séné
Cette mention glissée rapidement à la fin d’un spot publicitaire télévisé, à la manière des petites lignes précédées d’un astérisque qui recèlent généralement ce qui fait l’objet d’une obligation légale, mais que l’on préfèrerait passer sous silence, m’a fait un peu sursauter. Il faut dire que cette publicité fait partie de celles qui sont diffusées aux horaires des repas comme si leur but inavoué était de nous couper l’appétit. En général, il s’agit de questions de tuyauterie, nous révélant ce qui se passe à « l’intérieur de nous » (sic !).
En l’occurrence, c’est une promotion de la marque Always, pour une serviette judicieusement dénommée « discreet », supposée rester invisible sous les vêtements les plus ajustés et réparant des ans l’irréparable outrage en absorbant le produit des fuites urinaires, qui vous empêchaient, mesdames, de vaquer tranquillement à vos occupations. Oui, visiblement, nous autres, les messieurs, ne faisons pas l’objet de la sollicitude de ce fabricant avisé, d’où j’en déduis que le marché en serait moins rentable. Car la santé devient de plus en plus un enjeu économique, et si les grands laboratoires se disputent le monopole des médicaments proprement dits, le marché des dispositifs médicaux se partage entre 5 000 petites, voire très petites, et moyennes entreprises, pour un chiffre d’affaires de 21 milliards d’euros.
Sous cette appellation se cache à peu près tout et n’importe quoi, dans la mesure où c’est généralement le fabricant qui atteste de la visée médicale de son produit, répertorié dans différentes catégories, y compris la maitrise de la conception, ce qui fait du préservatif un dispositif médical à part entière. Il n’est donc pas étonnant que de plus en plus de marchands revendiquent la labélisation médicale, tel que ce produit « miracle », un complément alimentaire brûleur de graisse, vendu sous l’appellation XLS médical, alors qu’il se dispense de tout suivi par un médecin. Nous avons déjà subi l’offensive des alicaments, ces produits diététiques supposés combiner alimentation équilibrée et effet médicamenteux naturel, qui se sont engouffrés dans un vide juridique autorisant des allégations santé invérifiables. Dans le domaine des dispositifs médicaux, une certaine réglementation existe depuis 2013, mais elle vise surtout les produits remboursables. Le marché croît de 5 % par an et la France fait partie des plus gros consommateurs avec 20 % du marché européen et 10 % du marché mondial, cependant que la production est majoritairement étrangère, et pèse sur la balance commerciale avec un déficit de 1 milliard d’euros. Tout ça pour des problèmes de robinet !