On achève bien les chevaux
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 4 août 2016 11:00
- Écrit par Claude Séné
Si sainte Rita est bien la patronne des cas désespérés, elle ne semble pas avoir pu faire quoi que ce soit pour intercéder auprès du tout puissant afin d’éviter la démolition du lieu de culte qui lui était consacré dans le très chic 15e arrondissement de Paris, à deux pas du Champ-de-Mars. Pour être précis, cette église avait été désaffectée par son propriétaire, l’association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, une branche anglicane du catholicisme, ne reconnaissant pas l’autorité du Pape, et vendue à un promoteur immobilier, en vue d’y construire des logements après démolition.
Du temps de sa « splendeur », l’église Sainte-Rita s’était signalée par la présence régulière de divers animaux, domestiques ou sauvages, allant des simples chiens et chats jusqu’aux plus exotiques lamas ou bébés tigres. La communauté dissidente s’était fait une spécialité de célébrer des messes destinées à bénir les animaux, jusqu’à une centaine simultanément. En tout, l’archevêque revendique la bénédiction de plus de 800 animaux. Un véritable carnaval que n’aurait pas désavoué Camille Saint-Saëns. Une curiosité pour de nombreux touristes étrangers, et une pratique ma foi bien innocente, si cette passion pour les animaux ne s’accompagnait pas, comme celle de Brigitte Bardot, d’une position rétrograde sur les relations entre les humains. L’association et le clergé qui lui est attaché, représente bien évidemment une frange traditionaliste du catholicisme et serait proche des mouvements d’extrême droite.
Rien d’étonnant donc à ce que Gilbert Collard se saisisse de l’occasion de l’évacuation de l’église à la demande de son propriétaire pour charger le ministre de l’Intérieur, coupable selon lui de vouloir remplacer un lieu de culte par un parking. En cause, des images montrant le prêtre officiant ce jour-là en surplis blanc, trainé au sol par des CRS selon la méthode appliquée habituellement aux manifestants. Le symbole est évidemment fâcheux. Il n’enlève rien au fait que c’est le propriétaire qui a saisi la justice, que la police n’a fait qu’exécuter cette décision, et que la démolition de ce monument non classé permettra de construire des logements dont l’utilité n’est pas douteuse. Dans cette période de chasse aux voix, tous les prétextes sont bons. Frédéric Lefebvre, le célèbre défenseur de Zadig et Voltaire, par ailleurs député de droite des Français de l’étranger, en profite pour amalgamer l’action attribuée à Bernard Cazeneuve avec le deuil de Saint-Étienne-du-Rouvray, dans une tentative de récupération pathétique. Une bonne occasion de faire sienne cette maxime attribuée à Madame de Staël : plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien.