Cocorico !

Tout le monde ne s’intéresse pas au foot, mais quand même. La victoire des bleus contre la « mannschaft » revêt un caractère historique, puisque cela faisait 58 ans que la France n’avait plus battu l’Allemagne en match officiel. Et encore, c’était la RFA à l’époque, bien avant la réunification. D’ailleurs, je me souviens davantage de la demi-finale perdue contre le futur vainqueur brésilien que du match pour la troisième place, la « petite finale », gagné contre l’Allemagne de l’Ouest. Faute de télévision, c’est à la radio que j’avais suivi les exploits de Kopa et des siens.

Le gros avantage de la radio, c’est de laisser libre cours à l’imagination. Malheureusement pour notre équipe, le ton du speaker enflait trop souvent en prononçant le nom d’un prodige de 17 ans, qui allait devenir le roi Pelé, peut-être le plus grand joueur de tous les temps, n’en déplaise aux Messi, Ronaldo ou Ibrahimovitch. Le trio Didi, Vava et Pelé marquait 5 buts contre seulement 2 pour la France. Beaucoup de scores-fleuves à l’époque, puisque la France avait battu l’Allemagne 6 à 3, ce qui explique que le record de 13 buts de Just Fontaine pendant la compétition ne semble pas près d’être battu.

Si la France a pris sa revanche contre le Brésil en remportant la coupe du monde en 1998, les Allemands nous ont battus régulièrement depuis chaque fois que nous avons croisé leur route. D’où un certain sentiment de supériorité et un dicton jamais démenti : « le football est un jeu qui se pratique à 11 contre 11, et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. » Si l’on ajoute à cela la réputation de réussite économique de l’Allemagne et les publicités qui vantent la qualité des produits allemands, en particulier les voitures, il y avait de quoi se sentir un peu jaloux. De leur côté, les Allemands cultivaient une certaine arrogance, pourtant attribuée généralement aux Français, en affichant une confiance un peu condescendante. Après cette victoire, les débats sont un peu rééquilibrés.

Pour les supporteurs français, le plus dur semble fait et la finale ne leur parait qu’une formalité. Attention toutefois à ne pas reproduire dans l’autre sens l’erreur de sous-estimer l’adversaire. Car cette fois, c’est le Portugal qui rêve de mettre fin à la domination constante de la France dans leurs matches officiels, et personne dans cette compétition n’a été à l’abri des surprises, bonnes ou mauvaises, selon le point de vue.