Hardi les gars !

Les électeurs britanniques ont tranché. Pour eux, ce sera good bye farewell l’Union européenne, et il ne fera pas chaud au cap Horn dans les prochaines années. Les économistes leur ont prédit du gros temps et les premières réactions des marchés financiers ne sont pas encourageantes depuis que la nouvelle du Brexit s’est répandue. Les partisans du maintien dans la communauté ont eu beau leur annoncer les pires cataclysmes en cas de sortie, le « leave » l’a emporté à près de 52 %.

David Cameron a joué avec le feu et il s’y est brûlé. Il sera probablement la première victime collatérale de ce scrutin, malgré le soutien hypocrite de Boris Johnson qui a misé sur le camp du non au sein de leur parti conservateur commun, en escomptant prendre sa succession, chez les torys et au gouvernement. Pour certains observateurs, cette victoire est d’abord celle de Nigel Farage, tête de file du parti eurosceptique Ukip, et le résultat d’une campagne xénophobe, jouant sur le rejet des étrangers, prédisant l’envahissement du Royaume uni par des hordes de Turcs. Si ces bobards ont pu jouer un rôle dans le vote d’une fraction de l’électorat la plus crédule, je ne pense pas que ce soit la principale explication. Je suis frappé par la similitude de ce scrutin avec la consultation sur la constitution européenne de 2005, qui a abouti à la victoire du non en France. Dans les deux cas, ce sont les élites qui ont été désavouées par les peuples. Les deux grands partis anglais, que ce soient les conservateurs ou les travaillistes, ont pris position officiellement pour le maintien, soutenu à la fois par Cameron et par Corbyn. Et, cependant, la méfiance instinctive contre les superstructures a fini par l’emporter sans que la décision se soit faite sur des raisons purement intellectuelles, mais surtout affectives.

Les peuples européens ont de plus en plus l’impression que les décisions se prennent sans eux, si ce n’est même contre eux, que ce soit à l’échelon national ou européen. Si la contestation de la loi travail continue pour deux Français sur trois, c’est bien parce qu’elle semble tomber du ciel ou être dictée par des orientations libérales décidées à Bruxelles. Les dirigeants anglais ont passé leur temps depuis l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’Union européenne à critiquer les institutions et à se présenter comme les défenseurs des intérêts britanniques contre la Commission. Il ne faut pas s’étonner que les électeurs, pour une fois qu’on leur demande leur avis, décident de quitter une maison qu’on leur a toujours présentée comme un enfer. Nous ne pouvons que leur souhaiter bon vent.