Balkanysation

Malgré ses multiples mises en examen, Patrick Balkany, député sortant Les Républicains des Hauts-de-Seine, vient d’être réinvesti par son parti pour être candidat à sa propre succession aux législatives de 2017. Techniquement, Patrick Balkany reste éligible tant qu’il n’a pas été condamné dans le cadre de ses affaires de fraude fiscale, de corruption et de blanchiment d’argent sale, sans parler des nouvelles casseroles qui se découvrent régulièrement. Moralement, en revanche, c’est beaucoup plus discutable, au point de mettre dans l’embarras sa collègue, Valérie Pécresse, nouvelle présidente de région, qui aimerait donner une image irréprochable de son parti après avoir été élue sur le thème du grand ménage.

Cela risque d’être difficile après le nouveau rapport de la Chambre régionale des comptes, qui pointe la gestion d’une société d’aménagement immobilier proche de la ville de Levallois-Perret dont Patrick Balkany est député-maire et qui est présidée par une certaine Isabelle Balkany, qui touche au passage jusqu’à 60 000 euros par an et bénéficie d’une voiture de fonction. La dernière fois, la Chambre avait trouvé un trou de 117 millions dans les comptes de la ville, on n’en attend pas moins cette fois-ci. Je ne voudrais pas avoir l’air de m’acharner, mais il faut bien souligner aussi que le fils Balkany, Alexandre, est bien parti pour prendre la relève de ses parents, puisqu’il a été dernièrement mis en examen lui aussi pour blanchiment de fraude fiscale à la suite des révélations des Panama Papers.

Ce ne sont pourtant que des broutilles aux yeux de la Commission nationale d’investiture du parti Les Républicains, présidée par Christian Estrosi, fidèle soutien de Nicolas Sarkozy. Et comment pourrait-il en être autrement quand le propre président du parti est lui-même sous le coup de nombreuses mises en examen, qui ne sont pas toutes levées ? La CNI aurait pu, comme dans le cas de Frédéric Lefebvre, député des Français de l’étranger, reporter la décision pour se donner le temps de la réflexion, mais le cas du défenseur de Zadig et Voltaire est autrement plus grave, puisqu’il a osé demander la démission de Nicolas Sarkozy qui utilise selon lui son statut de président du parti pour faire campagne en son nom propre, sans débourser un centime et en abusant de sa position ! Bref, Patrick Balkany pourra se représenter avec la bénédiction du chef, et il pourra même continuer à cumuler ses fonctions si Sarkozy revient au pouvoir puisqu’il a prévu d’abroger la loi qui doit l’interdire. Mais les plus coupables, ce sont quand même les électeurs de sa circonscription qui continuent de lui apporter leurs suffrages malgré son évidente malhonnêteté, prouvée ou pas.