Vive le café !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 19 mai 2016 10:53
- Écrit par Claude Séné
Consommé avec modération, bien sûr. Jusqu'à 4 tasses par jour, le café aurait des effets bénéfiques sur la santé en améliorant l’activité cérébrale, l’attention et la concentration voire la mémoire, et diminuerait le risque de cancer du côlon, de cirrhose du foie ou même de dépression. Et surtout, le café aurait évité à cette vieille dame de 91 ans de se faire droguer régulièrement par son aide-soignante à domicile, qui utilisait pour cela de la poudre de chicorée, additionnée par ses soins de puissants calmants, obtenus au moyen d’ordonnances contrefaites.
La nonagénaire avait l’habitude de consommer de la chicorée, vantée pour être elle aussi « un trésor de bienfaits ». J’avoue qu’en ce qui me concerne, la chicorée m’est toujours apparue comme un ersatz du café, dont il avait bien fallu se contenter pendant l’occupation et l’immédiat après-guerre. Certaines familles continuaient à mélanger un peu de chicorée pour atténuer l’effet de la caféine, les plus iconoclastes allant jusqu’à laisser la cafetière bouillir au coin de la cuisinière, avec l’effet que l’on imagine sur le breuvage définitivement foutu. En l’occurrence, la mamie trouvait que sa chicorée avait un arrière-goût d’orange, ce qui aurait été rédhibitoire pour un vrai connaisseur de café. Quand le pot aux roses a été découvert, on a trouvé des traces de Tercian dans le bocal et dans les cheveux de la vielle dame, preuve que le produit avait été administré régulièrement. Le Tercian est un médicament utilisé surtout en hôpital psychiatrique et qui permet de maintenir calmes les patients souffrant de psychoses aigües. L’aide-soignante a reconnu l’avoir utilisé parce qu’elle trouvait la mamie acariâtre. Au passage, elle en conservait pour son usage personnel, ayant développé une addiction aux produits calmants. Sans compter que c’était plus pratique pour utiliser carnet de chèques et carte de crédit de sa patiente, qui n’était d’ailleurs pas la seule victime de l’employée indélicate.
Ce fait divers peut inspirer quelques réflexions. Pour ma part, il alimente la crainte de la dépendance liée à l’âge. C’est déjà compliqué de vieillir et de perdre une partie plus ou moins grande de son autonomie. De devoir dépendre des autres pour assumer les tâches élémentaires de l’existence. Un séjour à l’hôpital suffit à donner un avant-goût de cette sorte de malédiction que serait une totale dépendance. S’il faut en plus se méfier des personnes chargées de vous aider ! Je croise les doigts tout en continuant à siroter mon petit café et je me dis : « what else ? ».