
Un bon Indien
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 9 octobre 2025 10:59
- Écrit par Claude Séné

C’est aujourd’hui que la patrie reconnaissante va rendre hommage à l’un de ses enfants, qualifié de grand homme par l’inscription qui orne son fronton depuis 1837. Robert Badinter, personnalité de gauche, qui fut notamment à l’origine de l’abolition de la peine de mort en 1981, sous l’autorité de François Mitterrand, va entrer au Panthéon, où il rejoindra des figures célèbres telles que Mirabeau, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Émile Zola, ou encore Jean Jaurès. C’est le président de la République qui décide de la panthéonisation avec l’accord de la famille, et c’est lui également qui présidera la cérémonie et prononcera le discours au nom de la nation.
Ce sera un moment bienvenu de pause dans une actualité politique pour le moins mouvementée, avec la confirmation de la démission de Sébastien Lecornu, et en attendant la nomination d’un nouveau Premier ministre pour tenter de former un gouvernement qui ne serait pas renversé au premier vote. Depuis que le président a perdu sa majorité après les législatives perdues à la suite de l’erreur de la dissolution, il s’est appliqué à choisir des figures issues de la droite ou du centre, comme s’il avait gagné les élections, et qu’il gardait intacte sa légitimité. Cette fois encore, malgré les ballons d’essai en direction du Parti socialiste en faisant miroiter l’éventualité d’une suspension de la réforme des retraites jusqu’aux prochaines présidentielles, il est peu probable qu’il fasse appel à Olivier Faure ou une autre personnalité de gauche. En parodiant la célèbre phrase, attribuée au général Sheridan, selon laquelle « un bon Indien, c’est un Indien mort », il n’apprécie les figures de gauche que si elles ont passé l’arme à gauche également et ne peuvent plus mettre leurs idées en œuvre.
Ce n’est pas la première fois que l’hypothèse d’un gouvernement plus ou moins de gauche est évoquée. Et cela avait suffi aux tenants de la droite classique pour être atteints de convulsions à cette idée. Pour Laurence Sailliet, ex-députée européenne au nom des Républicains, ce serait la catastrophe absolue, avec la possibilité de légiférer par décret et donc, l’apocalypse de l’éventualité d’augmenter le SMIC ! Et je vous passe le chapelet des réformes inacceptables à droite et des banqueroutes inévitables que cela entraînerait mécaniquement. Emmanuel Macron va honorer Robert Badinter, pour l’ensemble de son œuvre, qui inclut le début du premier septennat de François Mitterrand, avant le « tournant de la rigueur » et qui a permis ce qu’il est convenu d’appeler « les acquis sociaux » tels que la 5e semaine de congés payés, un relèvement des prestations sociales, ou, déjà, l’abaissement de l’âge de la retraite, remis en question depuis. Et surtout, le pays, qui n’avait pas digéré la révolte manquée de 68, retrouvait espoir au pont de réclamer : « Mitterrand, du soleil ! » le jour de son élection.