
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 octobre 2025 11:07
- Écrit par Claude Séné

Le spectacle politique que nous donne notre pays dépasse, et de loin, tous les scénarii que l’imagination fertile de nos contemporains aurait pu mettre en scène. À l’heure où je passe à la rédaction de ce billet quotidien, j’apprends le dernier, mais pas forcément l’ultime rebondissement de la représentation avec ce communiqué laconique : « Sébastien Lecornu a déposé sa démission auprès d’Emmanuel Macron, qui l’a acceptée ». Cette annonce coupe court aux spéculations concernant la composition du futur gouvernement, qui donnait déjà lieu à controverses et polémiques au sein même des rescapés de la dernière coalition rassemblés tant bien que mal autour du Président de la République.
C’est apparemment la nomination de l’ancien ministre des Finances, Bruno Le Maire, au ministère des armées, qui aurait cristallisé les désaccords avec les Républicains, son ancienne famille d’origine, après que le poste ait été refusé par Édouard Philippe, notamment. On s’apprêtait donc à voir une pièce familière, un vaudeville, avec son lot de quiproquos, de portes qui claquent, et de rebondissements convenus. Surtout la première liste publiée des ministres dont beaucoup étaient déjà présents dans les gouvernements précédents, malgré leur désaveu populaire. Des acteurs de « complément » bien souvent comme on le dit des seconds couteaux, des personnages secondaires joués par des comédiens moins connus que les rôles-titres. Comme l’écrivait Léo Ferré, adaptant Louis Aragon : « la pièce était-elle ou non drôle ? … si j’y tenais mal mon rôle, c’était de n’y comprendre rien… »
Mais voilà qu’en constatant l’implosion en plein vol de sa tactique « de rupture », le Premier ministre le plus éphémère de la 5e République, Sébastien Lecornu, a fait basculer la pièce de théâtre du boulevard au psychodrame. Vous savez, cette technique, inventée par un psychiatre, J.L. Moreno, en 1921, qui permet aux patients de mettre en scène leurs problématiques et par là même de mieux les comprendre et les maîtriser. Cette méthode thérapeutique a parfois été copiée et utilisée à tort et à travers par des apprentis sorciers. C’est un peu l’impression qui se dégage des développements récents de la politique, quand elle est mise au service de la conservation du pouvoir par des amateurs incompétents. Car nous revoilà à la case départ : depuis la dissolution ratée de l’Assemblée nationale, aucun gouvernement, aucun Premier ministre, aucune majorité, même de circonstance, aucune coalition n’a réussi à se dégager, ne serait-ce que pour expédier les affaires courantes. Et le président de la République, toujours hémiplégique, s’obstine à refuser de voir qu’il existe dans le pays une gauche, même affaiblie par des divisions, tout aussi légitime qu’un centre qui se dissout de plus en plus dans une droite revancharde. Quand se résoudra-t-il à demander aux électeurs de trancher une situation que personne ne maîtrise plus, surtout pas lui ?
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