Polycéphalie

Le phénomène est rare, mais pas exceptionnel. On désigne par polycéphalie le fait, pour un animal, de naître avec deux têtes, à la suite d’une malformation congénitale. On a relevé cette anomalie en 2007 en France dans le sud-ouest, ou au Maroc en 2014, ou encore dans l’Oregon la même année. L’espérance de vie de ces animaux est très restreinte et le veau américain est même arrivé mort-né. On imagine les difficultés d’un animal à devoir suivre les volontés disparates de son corps et ses exigences contradictoires.

Toutes choses égales par ailleurs, c’est pourtant ce que va devoir sans doute faire la France si les sondages se confirment car il faudra probablement compter sur un exécutif à deux têtes avec un président et un premier ministre de convictions différentes, possédant chacun une légitimité due au suffrage universel, mais dans des élections différentes. Les précédentes cohabitations ont institué des règles de fait, sinon de droit, et malgré leurs différents, les personnes concernées ont généralement affiché un certain accord, au moins de façade, en évitant de se contredire en public sur les sujets sensibles. Il était notamment convenu que le Président conservait une certaine autorité sur ce que l’on appelait son domaine réservé : la défense et la diplomatie. Moyennant une concertation forcée, la position de la France était exposée par le chef de l’état, et mise en œuvre par le ou les ministres concernés.

Là où les choses vont se compliquer singulièrement c’est dans l’hypothèse où Jordan Bardella serait désigné Premier ministre par Emmanuel Macron, car il semble qu’il serait obligé de tenir également compte de l’opinion de Marine Le Pen, qui deviendrait, de fait, la troisième tête de l’exécutif, en attendant, peut-être, de devenir officiellement la présidente, si les Français en décident ainsi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela nous promet de vigoureuses empoignades puisqu’avant même le premier tour, Marine Le Pen anticipe sur les décisions que prendrait « Jordan » en son nom, notamment sur l’Ukraine, reléguant le président à l’inauguration des chrysanthèmes, puisqu’elle considère le poste de chef des armées comme purement honorifique. Cependant, si par malheur la France devait décider un engagement actif dans une guerre, ou prendre la décision d’utiliser une arme nucléaire, c’est bien le président en exercice qui appuierait sur le fameux bouton en cas de nécessité, et non le premier ministre, et encore moins une personnalité extérieure au gouvernement. C’est l’occasion de souligner une ambiguïté inhérente au Rassemblement national, qui est d’être un mouvement dirigé officiellement par son président, Jordan Bardella, mais dont l’autonomie est faible, voire inexistante vis-à-vis de la véritable patronne, Marine Le Pen, dont il n’est qu’un homme de paille. Il est encore temps pour les Français de renvoyer les marionnettes et les marionnettistes dans leurs foyers.

Commentaires  

#1 jacotte 86 27-06-2024 12:11
comme tous les guignols qui les soutiennent
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