Comme un avant-goût
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 28 juin 2024 10:38
- Écrit par Claude Séné
Alors que la France est peut-être à la veille de l’accession au pouvoir de l’extrême droite, une bonne partie de l’électorat du Rassemblement national se prépare à l’élire pour la simple raison qu’on ne l’aurait pas encore expérimenté. Ce qui est vrai au niveau national, mais les mandats locaux obtenus par le Front national de l’époque devraient démontrer au public sa capacité de nuisance et les aspects néfastes de sa politique. C’est sans doute une des raisons qui font que ce parti avance masqué pour faire oublier ses origines. On a pu cependant avoir un avant-goût édifiant de ses positions en entendant un de ses députés sortants, Roger Chudeau, expliquer tranquillement que Najat Vallaud-Belkacem n’aurait jamais dû pouvoir être nommée ministre de l’Éducation en raison de sa double nationalité.
Un argument extrêmement choquant qui consiste à jeter le doute sans la moindre preuve sur la loyauté de tous les binationaux, qu’il suspecte d’être à la solde de l’étranger, au seul motif qu’ils détiennent un 2e passeport, marocain dans le cas de l’ancienne ministre. En réalité, Mr Chudeau amalgame surtout sa détestation de la personne dont il ne partage visiblement pas les options et une supposée allégeance aux pays arabes, une façon détournée de faire allusion au terrorisme ou au danger des peuples étrangers en général. C’est ainsi qu’il l’accuse faussement d’avoir voulu introduire l’enseignement de l’arabe à l’école primaire, quand ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Comble d’ironie, ce député candidat à sa réélection serait pressenti pour occuper le poste de ministre de l’Éducation en cas de victoire de son parti. On ne pourra pas dire que nous n’avons pas été prévenus, si la France tombe aussi bas.
Cependant, les positions de Roger Chudeau, voulant réserver les postes de ministres aux seuls « franco-français » ont quand même fait réagir les politiques et le propre parti du député a dû être gêné aux entournures, non pas sur le fond, qui reflète fidèlement les opinions prévalentes héritées et assumées par les fondateurs du Front national dont le parti de Marine Le Pen est l’héritier, mais par le timing qui pourrait coûter quelques voix dans les urnes. Depuis le début de la campagne, le mot d’ordre du RN peut se résumer à « pas de vagues » et profil bas. Roger Chudeau, qui a dû se faire remonter les bretelles, a publié un communiqué indiquant que ses propos n’engageaient que lui et non son parti. Personne ne sera dupe. Ce que nous vivons en ce moment n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend si la catastrophe possible se vérifie dans les isoloirs. Si le pire n’est jamais sûr, il est suffisamment inquiétant pour être résolument combattu. Faute de quoi nous risquons de nous réveiller trop tard, avec une gueule de bois carabinée, et un arrière-goût de moisi au fond de la gorge.