Stop ou encore ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 29 juin 2024 10:56
- Écrit par Claude Séné
Selon l’avis général, y compris des médias proches du parti démocrate, la prestation du président en exercice, Joe Biden, dans son débat avec l’ancien président Donald Trump, a été catastrophique, au point de se demander s’il ne ferait pas mieux de renoncer d’ores et déjà à sa candidature, dans l’intérêt du camp qu’il représente. La question est de savoir si ce ne serait pas déjà trop tard, et par qui le remplacer. On sait que la vice-présidente, Kamala Harris, partirait de très loin, car son rôle aux côtés de Joe Biden, n’est jamais apparu comme une alternative crédible, et son influence sur l’électorat n’a servi que de contrepoint au profil du président.
Comme vice-présidente, elle complète bien le tableau d’un Joe Biden, mâle, blanc et âgé, mais elle ne semble pas avoir « imprimé » dans l’opinion. Et il faudrait une personnalité forte pour remplacer au pied levé le candidat démocrate qui accusait déjà un certain retard sur son rival en dépit des casseroles judiciaires en cours que traîne Donald Trump derrière lui. Il me semble que c’est dans le film « Primary colors » sorti en 1998, qu’un des personnages répète comme un mantra pour justifier son obstination à se représenter et convaincre les électeurs de voter pour lui, « qu’on ne change pas de cheval au milieu du gué », citant ainsi Abraham Lincoln. Cet argument pourrait être recevable, mais le duel qui s’annonce met aux prises deux chevaux de retour, dont l’un au moins est très fatigué, et les deux sont largement en âge de faire valoir leurs droits à la retraite, qu’ils l’aient ou non méritée. Il ne s’agit pas ici de faire dans le jeunisme. En France nous sommes particulièrement bien placés pour constater, avec Georges Brassens, que « le temps ne fait rien à l’affaire ». Nous connaissons tous des jeunes qui véhiculent des idées rétrogrades, et l’inexpérience est loin d’être un gage de modernité.
Le système américain de désignation aux responsabilités suprêmes est une mécanique extrêmement sophistiquée qui conduit inexorablement les candidats potentiels à conquérir préalablement un des deux grands partis pour obtenir son investiture. Techniquement, la convention démocrate prévue en août prochain peut encore désigner quelqu’un d’autre que Joe Biden, mais sa campagne interne serait très courte. Un obstacle majeur pour trouver une personnalité consensuelle capable de mobiliser à la fois le parti démocrate et de rassembler tous ceux qui ne souhaitent pas le retour de Donald Trump. Pour le moment, personne ne semble vouloir assumer cette rupture et les prétendants les mieux placés préfèrent attendre une occasion plus franche. Ce qui fait naturellement le jeu de Trump, et risque de nous faire vivre, nous Français, et Européens, une « annus horribilis » dont nous nous passerions bien.
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