Inqualifiable
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 5 juin 2023 11:02
- Écrit par Claude Séné
« Sitôt qu’on est plus de quatre, on est une bande de cons », chantait Georges Brassens en 1966. Il ne croyait sans doute pas lui-même si bien dire, car le mur du con a été franchi bien des fois depuis qu’il nous a quittés. Même un poète aussi inspiré que tonton Georges n’aurait pas pu imaginer ce qui s’est produit samedi soir dans le stade François Coty au cours du match opposant le club local, l’AC Ajaccio, aux visiteurs du soir, l’Olympique de Marseille. De soi-disant supporters corses s’en sont pris à un enfant de 8 ans, qui plus est atteint d’un cancer du cerveau, au seul prétexte qu’il portait un maillot de l’équipe adverse, et l’ont molesté et traumatisé gratuitement, par pure bêtise.
Ce n’est évidemment pas le premier incident de ce type qui touche des rencontres sportives, mais le football, peut-être parce qu’il est le sport le plus populaire en France et dans le monde, les accumule depuis un certain temps. On ne compte plus les matches arrêtés, momentanément ou définitivement, pour cause de débordements et d’envahissement du terrain. Les manifestations racistes, cris de singe, jet de bananes, insultes, sont devenues monnaie courante, et pas seulement en Italie ou en Espagne. Il faudra peut-être s’inspirer de la méthode des Anglais, qui se sont débarrassés du hooliganisme par des procédés musclés : interdiction de stade avec pointage obligatoire au commissariat pour les plus virulents, augmentation drastique des tarifs des places pour sélectionner les spectateurs sur un critère financier. Très injuste, mais efficace. La montée de la violence dans les stades est extrêmement inquiétante à un peu plus d’un an de l’organisation des jeux Olympiques en France. Rien ne permet d’affirmer avec certitude que tout se passera bien, et que notre gestion des flux de spectateurs du monde entier sera à la hauteur de l’évènement.
D’autant que le phénomène ne se limite pas au seul football. Un sport aussi élitiste à l’origine que le tennis n’est plus épargné par les manifestations de la bêtise humaine. Autrefois, à Roland Garros, seuls les mercredis et parfois les dimanches étaient perturbés par des chahuts de jeunes rivalisant de cris imitant la corrida pour déclencher des vagues de « ola » et de « olés ». C’était un peu agaçant, mais restait dans des limites acceptables. Désormais, si le public le prend en grippe, un joueur peut être sifflé du début à la fin de son match. C’est ce qui est arrivé à l’américain Taylor Fritz, qui a eu le mauvais goût d’éliminer le dernier Français encore en lice. Il a pourtant eu le dernier mot en remerciant ironiquement le public pour son soutien indéfectible. Je doute que les abrutis ainsi raillés aient goûté la leçon, qui valait bien un fromage, sans doute. En revanche, les organisateurs devraient interdire toute vente d’alcool dans l’enceinte du tournoi, pour limiter de tels comportements.