La paix des braves
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 29 mars 2023 11:08
- Écrit par Claude Séné
Cette paix, c’est le général de Gaulle, que je n’aurai décidément jamais tant cité que ces temps derniers, qui la proposait en 1959 pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouvait alors la France, engagée en Algérie dans une guerre qui ne disait pas son nom, mais qui était vouée à être perdue, non sans avoir causé la mort de nombreux combattants de part et d’autre. Toutes proportions gardées, la proposition faite par Laurent Berger de mettre en pause la réforme des retraites pour tenter de trouver un compromis avec les organisations syndicales, répond un peu à la même logique.
Reste à savoir si, comme le disait en son temps un leader syndicaliste rompu à l’exercice, André Bergeron, il y aura « du grain à moudre ». Après les déclarations du président, les rodomontades du porte-parole du gouvernement, les fins de non-recevoir opposés aux demandes d’entrevue tout en prétendant laisser la porte grande ouverte, le rendez-vous proposé par la Première ministre est-il un simple effet d’annonce, une posture pour afficher une bonne volonté de façade, ou une manœuvre dilatoire pour masquer une réelle mauvaise volonté ? Là-dessus, nous ne devrions pas tarder à être fixés. Mais au fait, de quels braves est-il question ? J’ai un peu de mal à considérer comme tels les policiers motorisés qui font partie de la brigade motorisée, dont l’acronyme évoque volontairement ce caractère valeureux. Les BRAV-M, comme on les appelle, n’ont pas brillé par leur courage dans les enregistrements effectués à leur insu où ils s’en prennent verbalement et même physiquement à des manifestants. Pas plus que des hommes braves, ces policiers ne sont pas davantage de braves hommes, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient tous à mettre dans le même sac.
Les Français ne s’y trompent pas, qui ont signé la pétition à plus de 140 000 déjà pour demander la dissolution de ces unités, qui revendiquent la répression dans le titre même de leur formation. Ils sont défendus, quoi qu’ils fassent, par le préfet de police de Paris et par le ministre de l’Intérieur, qui demande aux critiques de le viser, lui, et non les fonctionnaires de base. Mais volontiers, Monsieur Darmanin. Si vous voulez prendre sur vous les bavures qui ont émaillé les conflits sociaux depuis que vous êtes en poste, ne vous gênez pas. Mais tirez-en les conséquences en démissionnant de votre poste, où vous croyez pouvoir distribuer les bons et les mauvais points, tout en restant tranquillement en place, quoi qu’il arrive. Vous m’avez rappelé le faux défi d’Emmanuel Macron pendant la crise des Gilets jaunes qui s’était exclamé en juillet 2018 à propos du scandale Benalla, « qu’ils viennent me chercher ! » en sachant pertinemment que son immunité présidentielle le protègerait de toute poursuite.