À qui le Tour ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 1 août 2022 11:08
- Écrit par Claude Séné
Une semaine après l’arrivée des cyclistes masculins sur les Champs Élysées et au lendemain de celle de leurs homologues féminines pour un tour de France hyper rapide, c’est le moment des bilans. Les concurrents ont bouclé le parcours pourtant très sélectif à une vitesse record, pulvérisant tous les chronos précédents, y compris quand les vainqueurs ont reconnu avoir fait usage de produits interdits, comme Lance Armstrong avec ses sept victoires, dont il a été déchu après avoir admis un dopage systématique de son équipe et de lui-même.
Jonas Vingegaard, vainqueur de l’édition 2022, aura parcouru les 3 344 kilomètres de la grande boucle à la vitesse moyenne de 42 km/h, contre 41,65 km/h pour Armstrong, précédent record établi en 2005 avec des doses massives d’EPO. Le champion danois, conscient des soupçons inévitables devant des performances toujours plus stratosphériques, en est réduit à demander la « confiance » du public, autrement dit de le croire sur parole quand il affirme ne rien prendre pour améliorer ses résultats. Malheureusement pour lui, le précédent coureur danois à avoir remporté le tour de France, en 1996, a depuis reconnu s’être dopé. Si l’on écoute Jonas Vingegaard, comment expliquer cette amélioration continue des résultats ? Le consultant de France-Info et ancien champion cycliste avance l’hypothèse d’une amélioration spectaculaire du matériel, avec des vélos toujours plus légers, mais on sent que lui-même n’y croit pas, ou bien des routes plus roulantes, alors que les parcours sont toujours plus exigeants avec parfois des passages non revêtus.
S’il y a eu des progrès technologiques, ce serait dans la dissimulation du dopage, puisqu’aucun cas n’a été détecté pendant les trois semaines de course, contrairement au Covid-19, qui a contraint 17 concurrents à l’abandon. Si l’on peut s’interroger sur les performances des coureurs, il en va de même des participantes féminines, qui ont, elles aussi, dépassé les 42 km/h de moyenne, avec, certes, des étapes plus courtes et une seule semaine de course. Comme chez les hommes, les meilleures ont écrasé la concurrence en réalisant des exploits apparemment inimaginables. La Néerlandaise Van Vleuten, qui a remporté l’épreuve, s’entraine d’ailleurs avec ses homologues masculins. En ce qui concerne les performances des Français, contraints de se contenter des places d’honneur, et qui n’ont remporté qu’une étape, grâce à la bienveillance de l’équipe qui a dominé ce tour, on se demande s’il faut s’en réjouir comme d’une preuve de l’absence de dopage, ou s’en désoler en regrettant les champions d’antan, dont certains ont eux aussi admis avoir avalé la potion magique, fut-ce « à l’insu de leur plein gré ».