C’est un siège !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 7 mars 2022 10:45
- Écrit par Claude Séné
L’expression signifie que le bébé ne se présente pas la tête la première, mais le fondement d’abord, synonyme de complications à venir, avec le risque majeur d’étranglement par le cordon ombilical. Au point que l’on dira couramment pour définir une action mal engagée, qui se présente mal, que « c’est un siège ». Le préalable à un accouchement réussi, qui ne mettra pas en péril la vie de l’enfant ou celle de la parturiente, sera donc de tenter de retourner l’enfant prêt à naitre dans le ventre de la maman. Il faudra parfois avoir recours à la chirurgie et à une césarienne pour dénouer la situation en toute sécurité.
Alors que l’on avait pu croire à une conquête rapide et à une avancée express de l’armée russe en Ukraine, compte tenu de la disproportion des forces en présence, il semble que l’on s’achemine désormais sur une stratégie d’encerclement des villes les plus importantes, à commencer par la capitale, Kiev, vers qui convergent trois corps d’armée différents. Selon toute vraisemblance, et quoi qu’en dise Wladimir Poutine, cette façon de procéder n’était pas le premier choix de l’envahisseur, qui croyait que sa supériorité aérienne et son armement sophistiqué lui permettraient une victoire facile et rapide en provoquant la chute du régime et la reddition des troupes adverses. Et pourquoi pas un ralliement de l’armée ukrainienne et le soulèvement d’un peuple contre ses dirigeants, avec l’accueil de leurs « frères russes » en libérateurs ? Un joli conte de fées pour masquer les destructions, la désolation et la mort semée sur son passage par une guerre qui ne veut pas dire son nom. Nous autres, Français, sommes bien placés pour savoir que la guerre d’Algérie n’a pas été moins meurtrière d’être pudiquement baptisée « les évènements ».
De la même façon, il n’y a rien de bon à attendre de cette stratégie de siège, qui n’épargnera pas les populations civiles, dont l’évacuation est plus que problématique. Quelle confiance accorder à un ennemi qui vous promet la vie sauve au risque de l’internement dans un camp de réfugiés ? Sans compter les arrière-pensées de permettre des bombardements plus massifs encore, afin d’ensevelir les dernières résistances sous un tapis d’obus et de missiles. Le pouvoir russe va devoir composer avec une donnée nouvelle, le nombre de soldats tués au combat. Moscou en reconnait 500 depuis le début des opérations qu’on ne peut pas qualifier de guerre sous peine de 15 ans de prison, mais ce nombre doit certainement être multiplié par 10 au minimum et il ne pourra qu’augmenter pendant des sièges qui peuvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Ce sont les Ukrainiens qui pâtiront le plus d’une telle situation, bien entendu, mais la conjonction de plusieurs facteurs peut amener le pouvoir central russe à retrouver une certaine rationalité. Il faudra pour cela, à l’image des résistants ukrainiens, une détermination sans faille des dirigeants européens et occidentaux.