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La bonne dame de Loudun
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 15 août 2021 10:16
- Écrit par L'invitée du dimanche
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Marie Besnard, à 32 ans, veuve d’un premier mariage avec son cousin décédé de tuberculose après sept ans d’union heureuse, épouse en deuxième noce en 1928, Léon Besnard qu’elle a rencontré en venant chez une de ses cousines à Loudun.
Difficile de jeter un regard sur l’affaire sans prendre en compte l’atmosphère, le climat de rumeurs, de suspicion, de ragots, et du qu’en-dira-t-on de cette petite ville où Marie Besnard ne sera jamais vraiment intégrée, car à mes yeux c’est un des éléments importants de la suite de l’histoire.
Le couple déroule une vie heureuse pendant 18 ans, et bénéficie au cours de ces années de plusieurs héritages conséquents à la suite du décès de 10 de leurs proches entre 1938 et 1945. L’âge avancé des défunts ne permet pas de suspecter la cause de leur mort.
Le 25 octobre 1947, Léon décède d’une crise d’urémie, et c’est là que le doute est semé dans les esprits, d’autant plus qu’après l’enterrement, Madame Pintou, déclare à la gendarmerie que Léon avait des soupçons, peu avant sa mort, il lui aurait parlé de liquide bizarre dans sa soupe. On commence à parler d’arsenic.
L’inspecteur Normand prend le témoignage au sérieux et ouvre une enquête. Le juge d’instruction de Poitiers ordonne le 9 mai 1949 une autopsie du corps de Léon Besnard. Conclusion formelle : on trouve des doses d’arsenic dites anormales, 19,45 mg purs, la dose toxique étant de 15 mg. Le Docteur Béroud, dont la compétence semble indiscutable, signale qu’il n’y a aucune trace d’arsenic dans la terre du cimetière. On estime l’empoisonnement prouvé.
Marie Besnard est conduite à la maison d’arrêt de Poitiers le 21 juillet 1949, on rejette le crime passionnel, le mobile est l’appât du gain. On dresse de Marie Besnard le portrait d’une femme vénale sans pitié qui a agi avec préméditation et sang-froid, et l’on reprend la liste des membres de son entourage décédé, on se penche de plus près sur leur cause.
Plusieurs corps sont exhumés, des prélèvements sont envoyés au laboratoire à Marseille, excepté deux corps. L’expert conclut à un empoisonnement criminel, compte tenu des doses d’arsenic trouvées dans les dépouilles.
Les contre-expertises seront refusées !
Le procès s’ouvre le 20 février 1952 à Poitiers, son avocat Me Gautrat démontre des erreurs dans l’analyse des restes des corps, et de la terre du cimetière de Loudun. On y trouve des traces d’arsenic ! Les cadavres auraient très bien pu les absorber.
Le nouveau procès renvoyé aux assises de Bordeaux s’ouvre le 15 mars 1954.
Le témoignage du gardien de cimetière qui reconnaît avoir dans ses cultures à proximité du cimetière utilisé des produits contenant des arséniates, plus la dégradation des ornements de zinc des tombes, le sulfatage des fleurs, suffisent à expliquer que les eaux de ruissellement ont entraîné de l’arsenic dans les terres du cimetière et explique l’imprégnation des cadavres.
La culpabilité de Marie Besnard est remise en cause, elle est remise en liberté provisoire sous caution le 15 mai 1954, ses biens ayant été confisqués, sa caution que son ami Charles Trenet avait proposé de régler, est payée par ses cousins.
On nomme de nouveaux experts, il faudra trois ans, pour que s’ouvre un troisième procès le 21 novembre 1961 à Bordeaux (où je vous retrouve dimanche prochain)
L’invitée du dimanche