![](/images/breton_assis.png)
Trompe-l’œil
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 29 octobre 2020 10:24
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Pas de véritable surprise dans le discours d’un président qui avait pris soin de laisser filtrer la quasi-certitude d’un reconfinement annoncé afin de préparer les esprits. Et selon le pouvoir, ça a marché puisqu’un sondage clame fièrement que les Français approuvent les mesures décidées en haut lieu à raison de deux tiers d’entre eux. Il me semble que si le chiffre est sans doute exact, son interprétation l’est beaucoup moins. Il serait plus juste de dire que la population s’est résignée à l’inévitable, même si beaucoup restent sceptiques.
Si les trois quarts des Français annoncent avoir l’intention de respecter le confinement à la lettre, 22 % s’estiment en droit de faire des exceptions à la règle et s’autorisent par avance quelques entorses au code de bonne conduite édicté par le président. Un Emmanuel Macron qui se permet quelques arrangements avec l’histoire. Selon lui, personne n’avait vu venir l’amplitude de cette vague, et tout le monde a été surpris. Ah bon ? Je ne pense pas avoir rêvé cette polémique qui a opposé les « rassuristes », annonçant la fin prochaine de l’épidémie et les « alarmistes » qui s’inquiétaient des signes d’une reprise il y a quelques semaines, quand il était encore temps de freiner la propagation du virus. Ces spécialistes étaient certes divisés, mais certains préconisaient d’appliquer plus étroitement la stratégie de « dépister, tracer, isoler », une méthode efficace si elle est pratiquée au début de la propagation virale et sur l’ensemble de la population, comme le font les Chinois désormais. La France teste beaucoup, mais mal. Les résultats sont trop tardifs pour permettre d’isoler les personnes concernées. Le recours aux tests rapides arrive enfin, mais que de temps perdu, et quel gaspillage de nos ressources pour un résultat médiocre.
Après nous avoir assuré que nous avions tiré les leçons de la première vague, pour faire accepter une pilule amère, Emmanuel Macron a dramatisé à souhait la seconde vague, tout en faisant miroiter un éventuel assouplissement des règles sanitaires en cas d’embellie. Alors qu’il sait parfaitement que l’hypothèse d’une prolongation est beaucoup plus probable, mais il ne veut pas subir le sort de Cassandre, messagère des mauvaises nouvelles. C’est donc un reconfinement en trompe-l’œil qu’il a mis en place. Chacun chez soi, sauf tous ceux qui travaillent ou qui vont à l’école. Ne cherchez pas de logique dans ces mesures. On veut surtout minimiser l’impact sur l’économie, en croisant les doigts sur la situation sanitaire. On pense à cette phrase célèbre attribuée à madame de Sévigné au sujet du préservatif, « une cuirasse contre le plaisir, une toile d’araignée contre le danger », à une époque où la technologie était en effet sommaire en la matière. Les sacrifices consentis par les Français seront-ils au moins récompensés par un recul de l’épidémie ? C’est tout le bien que l’on se souhaite.