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Les rustres
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 26 octobre 2020 10:38
- Écrit par Claude Séné
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Recep Tayyip Erdogan n’en a pas lancé la mode, mais il perpétue avec quelques autres une tradition solidement établie qui consiste à se débarrasser du langage diplomatique pour tenter de réaliser l’union nationale contre un ennemi désigné, à défaut de pouvoir rassembler tout son pays derrière sa propre personne. Le dictionnaire nous dit qu’un rustre est un individu grossier et brutal, à l’instar des quatre personnages de la pièce de Carlo Goldoni, et le président de la Turquie, en s’en prenant au président français, illustre parfaitement cette définition.
Pour insulter la France, et se venger d’un pays qui lui a fait espérer faire un jour partie de la communauté européenne, Erdogan n’a pas hésité à douter officiellement de la santé mentale d’Emmanuel Macron et à lui conseiller de consulter un spécialiste. Si le simple fait de ne pas adhérer à toutes les prescriptions d’une religion, quelle qu’elle soit, est un indice de santé mentale défaillante, alors je suis fou à lier moi aussi. Il y a eu dans un passé relativement récent d’autres dirigeants populistes ou autoritaires qui se sont tout permis en abusant d’une faiblesse de la communauté internationale, qui s’interdit généralement toute ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Citons pour mémoire Idi Amin Dada, président à vie déchu de l’Ouganda, ou Jean-Bedel Bokassa, empereur centrafricain, pour l’Afrique, Pol Pot au Cambodge, ou Kim Jong-un en Corée du nord, pour l’Asie, sans oublier le colonel Khadafi, le despote libyen lynché par son peuple, tous maniant volontiers l’insulte et la menace à l’égard de leurs adversaires.
Le flambeau est donc repris par le président turc, qui ne craint pas d’intervenir matériellement dans les pays de la région, qu’il considère comme son précarré. Il s’oppose ainsi à la Grèce alors qu’ils appartiennent tous deux à l’OTAN, et n’hésite pas à faire alliance avec Poutine, dont il partage les méthodes musclées. Erdogan use et abuse du chantage aux réfugiés syriens, qu’il empêche de venir déferler sur les pays européens, moyennant finances. Il se sait indispensable et intouchable pour cette raison, notamment vis-à-vis de l’Allemagne où la communauté turque est très importante. Le tour d’horizon ne serait pas complet sans mentionner d’autres dirigeants actuels, certes élus démocratiquement, mais usant de méthodes contestables. Citons Rodrigo Duterte, président philippin, qui exécute sommairement lui-même les délinquants impliqués dans le trafic de drogue, se comparant à Hitler. Il y a aussi Jair Bolsonaro au Brésil, qui ne mâche pas ses mots pour pourfendre pêle-mêle homosexuels, femmes ou minorités diverses. Et bien sûr Donald Trump, qui a élevé l’invective au rang de sport national, juste après le golf, seul moyen connu jusqu’ici de l’empêcher un peu de nuire, et auquel les électeurs, on l’espère, vont le renvoyer au moins pour les quatre prochaines années.
Commentaires
Trop mignon ! De l'humour ça fait plaisir....