Dictateurs de tous les pays…

Unissez-vous ! N’hésitez pas à faire appel à l’internationale de la ploutocratie pour vous maintenir au pouvoir. Ne tardez pas à suivre l’exemple du président du Belarus, Alexandre Loukachenko, qui a menacé les manifestants contestant sa réélection de demander l’aide du grand frère russe, comme au bon vieux temps de l’empire soviétique. Un soutien que ne devrait pas lui marchander son alter ego Wladimir Poutine, un autre démocrate sincère brillamment réélu à chaque échéance électorale. Les deux autocrates ont en commun des scores de plus de 75 % qui ne doivent rien au hasard.

Bizarrement, Russes, comme Biélorusses, émettent des doutes sur la sincérité des scrutins. Beaucoup d’habitants de la capitale, Minsk, vont même jusqu’à soupçonner le parti présidentiel d’avoir bourré les urnes pour obtenir ce résultat flatteur. Les observateurs s’accordent sur un nombre de manifestants de l’ordre de dizaines de milliers, à l’exception notable du président français qui n’hésite pas à tabler sur « plusieurs centaines de milliers ». Il faut que Macron se méfie. Il semble avoir été contaminé par le mode de comptage des organisateurs français, qui consiste souvent à multiplier les chiffres de la police par 2 ou 3, lesquels avaient préalablement été divisés par 2 ou 3. Loukachenko n’en démord pas, tel Mac Mahon au fort de Malakoff, il a faite sienne la devise : « j’y suis, j’y reste ». Après tout, cela ne fait que 25 ans qu’il fait ce qu’il veut sans rendre de comptes à qui que ce soit. Un record que Poutine aimerait égaler puis battre, lui qui n’est au pouvoir que depuis une vingtaine d’années, mais qui trouve toujours un moyen de détourner la constitution pour se maintenir.

Le modèle absolu reste évidemment l’Afrique, où il est de bon ton de se faire nommer maréchalissime, ou président à vie, pour dissiper toute ambigüité sur la régularité des scrutins, qu’on finit par abandonner afin que les choses soient claires. L’exemple le plus célèbre est celui de Jean Bedel Bokassa, ancien capitaine dans l’armée française, propulsé empereur de la Centrafrique et mégalomane assumé. Mais le record est détenu par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, actuel président de la Guinée équatoriale depuis 1979, une série en cours de plus de 40 ans, donc. Et qui ne semble pas près de s’arrêter. D’une part, parce que le président affiche une santé insolente, malgré ses 78 ans (l’âge de Joe Biden, candidat démocrate à la présidence des États-Unis), d’autre part parce que la relève est assurée par le fils, Teodorin, vice-président et condamné pour corruption, blanchiment d’argent et gestion déloyale des intérêts publics, un palmarès digne de Levallois-Perret, pour lequel une peine de 3 ans d’emprisonnement avec sursis et 30 millions d’euros d’amende ont été prononcés en France. Patience, c’est la lutte finale…