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Les sardines
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 17 décembre 2019 10:47
- Écrit par Claude Séné
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Et si l’espoir venait de l’Italie ? C’est pourtant le pays qui avait porté au pouvoir un Mateo Salvini arrogant, persuadé de tenir l’avenir de la démocratie dans le creux de sa main grâce à son alliance improbable avec le mouvement populiste des cinq étoiles, qu’il se faisait fort de manipuler et de réduire à l’état de supplétif. Les faits semblaient lui donner raison avant que son orgueil démesuré le pousse à faire chuter le gouvernement auquel il appartenait pour provoquer de nouvelles élections dont il espère sortir vainqueur.
C’est de la réaction au mouvement d’extrême droite de Salvini, la Ligue, anciennement du Nord, qui rappelle furieusement le Rassemblement national en France, qu’est né le mouvement dit des Sardines. Ses fondateurs ont lancé l’idée sur les réseaux sociaux il y a à peine un mois. Il s’agissait de remplir une place à Bologne pour protester contre la candidature d’une protégée de Mateo Salvini aux élections régionales. Ce sont donc 6000 personnes, serrées comme des sardines, qui se sont réunies sur une esplanade tout juste assez grande pour les contenir. D’autres rassemblements ont suivi dans les grandes villes, jusqu’à récemment la capitale, Rome, où les organisateurs revendiquent 100 000 participants. Comme les gilets jaunes en France, ou encore Nuit debout ou les Indignés espagnols, le mouvement ne s’est doté d’aucun chef, se veut indépendant des partis politiques et refuse d’être récupéré par quiconque. À défaut de drapeau, les participants brandissent des dessins de sardine, pour symboliser la première « révolution piscicole ». Leur chant de ralliement est celui des antifascistes et résistants de la 2e guerre mondiale, le célèbre Bella ciao, remis au goût du jour par le succès la série espagnole populaire, la Casa de papel.
Malgré ces signes encourageants, la situation politique en Italie n’est guère brillante. La Ligue a remporté les élections régionales en Ombrie, un ancien bastion de la gauche, et elle est menaçante en Émilie-Romagne. La division classique entre le Nord et le Sud, qui jusqu’ici se traduisait par des velléités d’indépendance des régions riches, tend à être remplacée par une poussée nationale et nationaliste fondée sur la peur de l’étranger. Un phénomène qui est observé également en France avec la montée du Rassemblement national. Un essaimage des sardines italiennes ne serait pas inutile pour lutter contre cette tendance, afin de sortir du face-à-face mortifère ente la peste et le choléra que veulent imposer Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Après tout, c’est bien à Marseille qu’une sardine géante a bouché le vieux port ! Mais je supplie les éventuels organisateurs d’un tel mouvement en France de ne pas choisir la chanson de Patrick Sébastien pour hymne, sous peine de déconsidérer définitivement une cause pourtant juste.