Diviser pour régner

La recette est vieille comme le monde. Quand l’ennemi est trop nombreux, il suffit de le fractionner pour vaincre chaque partie séparément, tel le dernier des Horaces, qui, en fuyant ses adversaires, réussit à tuer les trois Curiaces un à un. Cette fois encore, le gouvernement s’en prend aux personnes âgées pour leur ôter un des rares avantages dont ils bénéficient, avec l’exonération de charges patronales sur les emplois à domicile dès lors qu’ils dépassent 70 ans. Ces personnes ne représentent que 700 000 citoyens, ce qui rend leur pouvoir de nuisance très limité.

Le pouvoir semble considérer que leur vote lui est acquis pour l’éternité, ce en quoi il se trompe lourdement à mon avis. Après la hausse de la CSG et la sous-indexation des pensions, la cruche pourrait finir par se casser. Emmanuel Macron habille toujours ses mauvais coups de prétextes de justice sociale, en dressant les catégories les unes contre les autres. La seule véritable cohérence des décisions prises est pourtant purement financière. Il s’agit toujours de trouver de l’argent pour financer des mesures en faveur des classes moyennes et supérieures, de l’ISF à la baisse d’impôt sur le revenu, les seules contributions véritablement progressives et redistributives. Après l’étiquette de « président des riches » qui lui colle à la peau comme un morceau de scotch dont on n’arrive pas à se débarrasser, Emmanuel Macron est en passe de mériter un nouveau surnom. La porte-parole du gouvernement, qui ne sait manifestement pas qu’il ne faut jamais reprendre une formule négative sous peine de l’accréditer et de la renforcer, a donné un bel exemple de dénégation en affirmant qu’il n’y avait pas de « politique antivieux » dans ce gouvernement. C’est pourtant bien imité.

Sur le fond, l’erreur est manifeste. Les exonérations ont été mises en place pour inciter les personnes âgées qui le peuvent à rester dans leur domicile le plus longtemps possible, ce qui est souhaitable moralement, et rentable financièrement pour l’état. Pour une économie à court terme de 300 millions d’euros, il faudra débourser beaucoup plus pour des structures d’accueil spécifiques. Sur la forme, le mépris de classe induit par des décisions bureaucratiques prises sans la moindre concertation peut avoir des conséquences dévastatrices. Chacun devrait se poser la question suivante : après les vieux, à qui le tour ? rappelons-nous ce poème du pasteur Martin Niemöller, intitulé « indifférence », toujours d’actualité :

« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »

Commentaires  

#2 Diabloguiste 25-09-2019 11:31
Ce n'est pas pour me vanter, mais je commence à croire que ce blog a une certaine influence. Vous avez vu? ça n'a pas traîné: le jour même, le Premier ministre en personne annonçait le retrait de cette mesure inique en utilisant un de nos arguments, celui d'une concertation insuffisante. Affaire à suivre.
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#1 jacotte 86 24-09-2019 11:17
c'est sans commentaire!!!
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