Tout fout le camp

Rien ne va plus dans la police. C’est vraiment n’importe quoi. Il suffira de quelques exemples pour s’en persuader. Il y a quelques jours, à Sevran, c’était une altercation entre un policier et un médiateur de quartier, où les deux hommes en sont venus aux mains, pour un incident à l’origine futile. L’animateur, employé municipal, aurait stationné sa voiture de manière gênante, et la situation aurait dégénéré en insultes puis en coups jusqu’à ce qu’un second policier immobilise le médiateur à l’aide d’un taser.

La scène, évidemment filmée par un portable, a amené le préfet de police à suspendre le policier et à saisir l’IGPN, au grand dam du syndicat de police SGP. Encore s’agissait-il d’un combat improvisé, dans lequel les forces de police se mettaient au niveau des personnes qu’elles étaient supposées calmer, en faisant le coup de poing. Autre chose encore que ce combat programmé qui a eu lieu à Quimper entre un policier bien connu pour avoir sauvé des femmes de la noyade, et un jeune caïd de quartier qui l’avait défié. Cette fois, c’est gants de boxe aux poings que les deux hommes se sont affrontés dans une confrontation dans les règles. Force est restée à la loi, mais le symbole est désastreux : on pense inévitablement à ce fameux combat entre deux rappeurs rivaux qui n’en finit pas d’être repoussé.

Mais l’acmé de ces épisodes ridicules a été atteint samedi au cours des manifestations des gilets jaunes dans la capitale. En effet, parmi les protestataires qui formulaient des invectives à l’encontre des policiers, se trouvait un homme particulièrement virulent, qui s’est révélé être lui-même un fonctionnaire de police appartenant au ministère de l’Intérieur. En civil et hors service, l’homme âgé d’une cinquantaine d’années se trouvait sur les Champs-Élysées et insultait ses collègues en les traitant de « connards » et de « pédales ». Interpellé par la BAC, il continue à insulter les policiers tout en brandissant sa carte professionnelle, espérant peut-être une impunité due à son statut. Arrêté, puis conduit au commissariat, il se revendique gilet jaune. À ne plus rien y comprendre pour les policiers, qui peinent à imaginer qu’un homme issu de leurs propres rangs, et capitaine de surcroît, puisse manifester contre eux et appartenir à une minorité agissante, ouvertement opposée à un pouvoir qu’ils sont chargés de défendre. Tant que l’on restait dans des confusions du style « flic ou voyou », les Ripoux, ou les policiers « cow-boys » jouant au rodéo dans les quartiers avec les petites frappes, on restait en terrain connu. Mais là, les policiers ont demandé un examen psychiatrique, jugeant probablement qu’un tel comportement ne pouvait être que l’œuvre d’un aliéné.