Quand les pensées dépassent les paroles
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 septembre 2019 09:54
- Écrit par Claude Séné
Dans les temples de la langue châtiée que sont les stades de football, une guéguerre s’est engagée entre les « supporters » et les autorités sur des banderoles et des chants à caractère homophobe, ce que contestent d’ailleurs leurs auteurs, pour qui le terme « enculé » par exemple ne serait que du folklore. On se souvient du sketch de Patrick Bosso expliquant que dans le Sud-Ouest et particulièrement la région de Toulouse, putain, c’est la virgule, et con, c’est le point.
Par conséquent, selon les exégètes de la langue française qui occupent les gradins dans nos stades, il n’y aurait aucune connotation homophobe dans les insultes dont sont abreuvés les supporters et les joueurs de l’équipe adverse. Je suppose que les mêmes ne voient aucun inconvénient à imiter des cris de singe pour stigmatiser les joueurs de couleur ou leur lancer des bananes, et n’oublions pas les symboles fascistes dans des clubs comme celui de Rome, où certains spectateurs voyous se dressaient régulièrement en faisant le salut mussolinien et en entonnant des chants fascistes. Du folklore, on vous dit. Les opprimés de toute sorte, n’ont, c’est bien connu, aucun sens de l’humour, et se blessent de la moindre plaisanterie à caractère discriminatoire. Ce genre de manifestations douteuses, outre qu’elles banalisent les injures sexistes, racistes ou de genre, alors que le sport est supposé véhiculer des valeurs positives et notamment de tolérance, tombent sous le coup de la loi.
Les délégués de la ligue française de football sont supposés demander aux arbitres d’arrêter le match quand de tels incidents se produisent, ce qu’ils font en effet, sans que cette sanction prenne un caractère dissuasif, mais provoquerait plutôt une escalade. De mon point de vue, tant qu’il n’y aura pas un arrêt définitif au détriment du club que soutiennent ces abrutis, ils continueront. Priver ces énergumènes de leur spectacle favori est la seule solution pour les obliger à revenir à la raison et à une attitude respectueuse. Les clubs pénalisés feraient certainement des efforts plus efficaces contre ces manifestations, si leur équipe avait match perdu à chaque manquement. Les sacs sont fouillés systématiquement au point qu’on ne puisse faire entrer une malheureuse bouteille d’eau, et des banderoles de plusieurs dizaines de mètres sont introduites en plusieurs morceaux sans que les organisateurs ne les en empêchent. Il faut une volonté politique, qui est affichée par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, et je m’en félicite. On aimerait que le président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, ne ruine pas tous ces efforts par des déclarations intempestives, ce qui serait bien le moins qu’il puisse faire.
Commentaires
Martiaux.Espérons que le président de la FFF saura rectifier ses déclarations avant que Mme MARACINEANU ne prenne des dispositions qui pourraient déplaire.