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La pédagogie du rond-point
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 28 janvier 2019 10:21
- Écrit par Claude Séné
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Ah ! la pédagogie… nos dirigeants n’ont que ce mot à la bouche, excepté le seul ministre qui en est officiellement chargé, celui de l’éducation, qui préfère se consacrer aux évaluations et aux dictées. Si l’on en croit les puissants qui nous gouvernent, si nous ne sommes pas d’accord avec leur politique, c’est parce que nous n’avons rien compris, et il suffirait de nous l’expliquer plus et mieux, comme s’attache à le faire le premier de la classe dans de pseudo-débats verrouillés à l’avance.
Pourtant, pas plus tard qu’hier, j’ai aperçu, à un rond-point, une petite affiche artisanale, fabriquée dans un morceau de bâche noire, écrite à l’aide d’un pinceau blanc, dont la simplicité avait le mérite de l’évidence et valait, à mon avis, toutes les leçons alambiquées des énarques pour justifier les injustices sociales de notre pays. Il y était écrit, je cite de mémoire, « Valéry Giscard D’Estaing 19 000 euros de retraite, Nicolas Sarkozy, 18 000 euros, Jacques Chirac 17 000 euros, François Hollande, 16 000, je crois, moi, 400 euros » ce simple énoncé démontre toute l’étendue des inégalités de traitement sur un point, celui des retraites, selon ce que chacun a perçu lorsqu’il était en activité. Ce professeur en vie quotidienne aurait pu aller plus loin en signalant les dépenses attachées aux anciens présidents et autres personnalités politiques qui continuent à bénéficier d’un secrétariat et d’une protection policière, sans parler des véhicules de fonction et des chauffeurs. Ces dépenses cumulées finissent par ne plus être anecdotiques. Grâce à une longévité cumulée avec un départ précoce, les anciens présidents coûtent environ 10 millions par an, soit une centaine de millions depuis la mise en place du dispositif en 1981.
Dans sa logique de technocrate, le président de la République fait valoir qu’une des principales revendications portées par les manifestants, et partagée par une écrasante majorité des Français, le rétablissement de l’ISF, ne suffirait pas à améliorer le sort des gilets jaunes. Il démontre ainsi qu’il n’a vraiment rien compris à ce mouvement. D’une part, les protestataires ne se contentent pas de se préoccuper de leur sort personnel, comme il feint de le croire, mais il s’agit de justice et d’équité. L’ISF est un symbole, comme le démontre son obstination et son entêtement à ne pas céder, alors que les principaux intéressés, les bénéficiaires de cette suppression, admettent en privé que ce cadeau inespéré n’a pas été décisif dans le choix d’implantation de leur activité. Pour comprendre les « gens qui ne sont rien », Emmanuel Macron manque cruellement d’une expérience qui lui aurait fait connaître le goût de la vache enragée, ne serait-ce que de loin et par procuration. Cela ne s’apprend pas dans les livres, et le moindre maire d’une petite commune pourrait lui en remontrer beaucoup sur le sujet.
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