Consultations

Ne cherchez pas, docteur, c’est la tête. Si le corps social est manifestement malade, la cause en est, comme souvent, à chercher dans les méandres du cerveau qui le dirige plutôt que dans les organes qui essaient de se débrouiller avec les contraintes extérieures. Le chef ayant parlé, c’est au tour du sous-chef de traduire dans les faits le remède imaginé par son supérieur. Car s’il en a donné le moins possible, ça coûte cher déjà. Par contre, ce qui ne coûte rien, en apparence du moins, c’est de discuter. Les gilets jaunes veulent donner leur avis ?

Super ! mais pas n’importe comment et sur n’importe quoi. Le Premier ministre a faite sienne la phrase de Coluche : « écrivez-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer. » Alors on va commencer tout de suite la consultation qui était prévue de toute façon, sur les sujets définis par le pouvoir, et sans garantie du gouvernement quant à la prise en compte des résultats. Parmi les revendications portées par le mouvement de protestation, il en est une qui émerge de plus en plus et qui semble emblématique de la demande de considération des simples citoyens, ceux de la France d’en bas, de la France périphérique, de la France rurale et suburbaine que l’on n’écoute jamais et qui a découvert les luttes sociales sur les ronds-points. Il s’agit du référendum d’initiative citoyenne. Édouard Philippe a déclaré qu’il ne voyait pas comment on pouvait être contre son principe. Une autre façon de dire qu’il souhaitait qu’il reste au niveau du principe et qu’il ne s’applique surtout pas. Il ne faudrait pas qu’il soit utilisé sur « n’importe quel sujet ni dans n’importe quelles conditions ». Cela me rappelle les manœuvres dilatoires dans certaines réunions où il fallait voter sur le point de savoir si l’on allait voter et si oui à mainlevée ou à bulletin secret, pour remporter la décision au bout de la nuit par épuisement des protagonistes.

Tout se passe comme si le Premier ministre voulait enterrer le RIC à côté du RIP, le bien nommé, dont les initiales veulent dire à la fois, référendum d’initiative populaire et requiescat in pace (repose en paix), adopté par le congrès en 2008, précisé en 2014 et jamais utilisé en raison de conditions dissuasives nécessaires à sa convocation. Le RIC pourrait se révéler être une arme de dissuasion massive contre les politiciens qui n’en font qu’à leur tête sous prétexte qu’ils ont été élus à un moment donné, parfois sur un malentendu comme on l’a vu pour le Brexit par exemple. Encore faudrait-il que les gouvernements s’engagent à respecter les choix populaires et non à les bafouer comme en 2005 après le référendum sur la constitution européenne.