Ils sont trop forts !

Qui ça ? Ben eux ! ceux qui passent leur temps à épier nos concitoyens. À essayer de leur faire prendre des vessies pour des lanternes, qui inventent des attentats bidon pour dissuader les gilets jaunes de manifester. Ceux qui, « comme par hasard », détournent l’attention des erreurs des puissants de ce monde, qui ont précipité dans la rue des protestataires par milliers, et qui, prenant peur, ont organisé une mise en scène sophistiquée pour faire croire à une menace terroriste, pile-poil avant la grande manif de samedi prochain.

Heureusement, il y a encore dans notre beau pays des personnes éclairées, qui détectent les manœuvres à des kilomètres et bénéficient d’une tribune et d’une exposition extraordinaire, grâce aux réseaux sociaux, comme ce brave Maxime Nicolle, alias « Fly rider », autoproclamé porte-parole et expert en terrorisme, qui a flairé la supercherie et s’est empressé de la dénoncer, sans attendre la moindre vérification, bien superflue. Ne dit-il pas qu’on ne sait rien et que c’est donc la preuve d’une tentative de manipulation de l’opinion publique ? Et d’ajouter : « si ça se trouve, c’est juste un fou ! » mais oui, bon sang, mais c’est bien sûr ! pour nous dissuader de croire sur parole les autorités, Maxou nous invite à adhérer à n’importe quelle théorie, du moment que ça incrimine ses ennemis qui sont par conséquent les ennemis du peuple. Si ça se trouve, c’est lui qui est payé par la CIA ou par les fameuses bonnes sœurs communistes que l’on chargeait de tous les maux dans mon enfance déjà lointaine.

Pour un peu, les quelques illuminés qui sévissent sur la toile vont accuser les services secrets d’avoir engagé des comédiens pour jouer une pantomime macabre, faire semblant de tuer pour les uns, de mourir pour les autres. Ce serait risible si ces personnages n’étaient pas pris au sérieux par des esprits faibles qui ne font plus aucune hiérarchie entre les informations et préfèrent avaler des couleuvres énormes plutôt que de risquer de se faire abuser par une propagande officielle. Là où leur paranoïa les égare, c’est quand ils pensent que les forces du conservatisme ambiant et le pouvoir en place ont attendu l’annonce de l’attentat pour essayer de reprendre la main. Dès le discours présidentiel connu, des voix se sont élevées pour demander la suspension du mouvement, au vu des magnifiques avancées que sont les quelques biscottes sans sel distribuées au peuple qui souffre de la famine et qui réclame du pain. Car, pour s’accrocher au pouvoir, « ils » sont en effet très forts, mais n’ont besoin de personne pour cela : c’est viscéral.