Sans déconner ?

Pardonnez-moi ce titre un peu trivial. Il exprime ma stupéfaction à l’écoute de la déclaration de Nicole Belloubet, ministre de la Justice, en réaction à l’évasion spectaculaire de Redoine Faïd de la prison « modèle » où il était détenu. La garde des Sceaux, au micro d’Europe 1, a indiqué avec une prudence certaine : « Il y a peut-être eu une défaillance ». Sans déconner ? Peut-être ? Elle n’en est pas sûre ? Un gars condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour une tentative de braquage qui a mal tourné, entrainant la mort d’une policière ?

Sans compter les 10 ans dont il a écopé pour sa précédente évasion, qui n’était jamais que la troisième. Comment aurait-on pu se douter qu’il allait récidiver et tenter à nouveau d’échapper aux conséquences de ses actes ? À moins que la ministre, et l’administration chargée de le surveiller, se soient fiées à la loi des séries : la première cavale a duré 3 ans, la seconde, 1 an et la troisième, 6 semaines. Question ? Selon les statistiques, combien de temps Rédoine Faïd peut-il espérer échapper aux 2900 policiers et gendarmes lancés à ses trousses ? vous avez 3 heures. Ah ! oui, j’oubliais, Nicole Belloubet a aussi déclaré qu’il fallait prendre des mesures pour que cela ne se reproduise pas. Pourquoi pas, en effet ? C’est un petit jeu qui doit coûter un peu de sous, malgré tout. À condition de le reprendre. On dit que l’expérience, c’est ce qui permet de recommencer indéfiniment les mêmes erreurs. Cela semble vérifié pour Mme Belloubet, mais il ne faut pas exclure totalement que le braqueur cinéphile (il a vu le film « Heat » 7 fois) réussisse sa 4e cavale et disparaisse de la circulation.

Je ne veux pas la mort du pêcheur et je ne joindrai certainement pas ma voix à celle de Marine Le Pen pour rendre la ministre responsable de cette évasion. Par contre, Nicole Belloubet illustre parfaitement le problème des ministres techniciens recrutés par Macron pour éviter de lui faire la moindre ombre. Elle possède probablement une compétence dans le domaine juridique, mais c’est une piètre communicante, et n’a aucune « surface » politique, comme on l’a vu dans les négociations avec le personnel dépendant de son ministère. Ne parlons pas d’engagement, puisqu’elle fait partie de ces personnes à conviction variable, un temps encartée au PS, elle acceptera un poste dans le gouvernement, en remplacement de François Bayrou, empêché, alors qu’elle aurait pu finir tranquillement son mandat au Conseil Constitutionnel, où son profil de juriste semblait en adéquation avec la fonction. Encore une illustration du principe de Peter et du niveau d’incompétence.

Commentaires  

#1 jacotte 86 04-07-2018 10:25
Macron a le chic pour dégotter des improbables collaborateurs... pourvu qu'à force d'incompétence il se retrouve un peu démuni..
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