Le déjeuner

Rendons grâce à François Fillon. Son obstination à vouloir à tout prix représenter sa famille politique au risque de la faire perdre durablement nous aura permis de renouer avec le meilleur ennemi de la gauche, la providence des chroniqueurs, j’ai nommé Nicolas Sarkozy. Quel meilleur spécialiste des casseroles judiciaires, à l’exception peut-être de Dominique Strauss-Kahn, aurait pu consulter le candidat embourbé dans des procédures interminables ? Si quelqu’un peut le conseiller dans l’art et la manière de nier la réalité et d’affirmer avec aplomb qu’il est aussi innocent que l’agneau qui vient de naître, c’est bien l’ancien président.

Série noire

Décidément, le début de l’année aura vu la malchance s’acharner sur la police en région parisienne. Quand l’affaire Théo a éclaté, avec cette matraque autonome qui a blessé « accidentellement » le jeune homme à l’anus, on s’est dit que c’était grave, certes, mais que c’était un acte isolé. Et voilà qu’un autre jeune raconte avoir été tabassé par la même équipe de policiers une semaine avant Théo, et que le violeur présumé est connu comme le loup blanc, c’est le cas de le dire, dans le quartier, sous le sobriquet de « Barbe rousse ».

Vergogne (sans)

Ce vieux mot que l’on retrouve dans l’italien vergogna, le portugais vergonha, l’espagnol vergüenza, le catalan vergonya ou l’occitan vergonha, ne s’emploie plus guère de nos jours que pour en souligner l’absence. Et c’est bien cette absence de honte qui me sidère dans l’obstination aveugle du candidat Fillon à mener campagne envers et contre tout. Personnellement, si j’étais soupçonné du millième des agissements frauduleux qui lui sont reprochés, je courrais chercher un minuscule trou de souris dans lequel me dissimuler et y cacher ma honte. Dans le cas de François Fillon, ce n’est plus du courage, mais de l’inconscience.

Demandez le programme !

« Ceci est une révolution ». Les déclarations d’Emmanuel Macron font penser aux célèbres conférences de Steve Jobs, l’ancien PDG d’Apple, quand il venait présenter un nouveau produit. Le dernier iPhone était toujours une révolution par rapport à son prédécesseur, ce qui impliquait qu’il fallait se le procurer toutes affaires cessantes et s’empresser de jeter l’ancien, avec lequel aucune compatibilité n’était possible, selon une stratégie marketing mûrement réfléchie. Avant de se précipiter pour acheter le candidat de l’anti-système soigneusement conditionné par le système, les électeurs devraient se demander s’ils en ont vraiment besoin.