Le poids des mots

On connaissait déjà l’expression « être démissionné », une périphrase qui exprime assez clairement une situation telle que celle du Premier ministre actuel en poste au moins jusqu’au deuxième tour des élections législatives. Selon la tradition, Gabriel Attal devrait remettre sa démission au Président de la République après avoir constaté qu’il ne pouvait pas obtenir la confiance de l’Assemblée nationale, ce qui est désormais une certitude, bien que l’élection n’a pas encore eu lieu. Emmanuel Macron reste libre de l’accepter ou de la refuser, et peut même l’accepter et le renommer, en le chargeant de constituer un nouveau gouvernement. Mais le plus probable, c’est qu’il appelle un représentant du parti le plus nombreux pour lui proposer de devenir son Premier ministre de cohabitation, en l’occurrence Jordan Bardella.

Appelons un chat un chat

Depuis que Marine Le Pen en a pris le contrôle, elle n’a eu de cesse de tenter de gommer les aspérités du Rassemblement national afin de faire oublier qu’il est l’héritier du Front national, fondé par son propre père avec le soutien de collaborateurs notoires tels que Pierre Bousquet et Léon Gaultier, tous deux engagés volontaires dans la Waffen-SS. Elle réfute en particulier l’étiquette d’extrême droite, qu’elle semble reconnaître infamante, à juste titre, et dont elle ne pourra pas, à mon avis, se détacher, compte tenu des prises de position de son parti, jusque et y compris dans la campagne actuelle.

Le feu au lac

Les électeurs se sont prononcés et les résultats sont remarquablement conformes aux sondages d’opinion publiés depuis l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, au soir des élections européennes, dissolution dont les raisons profondes continuent de nous échapper. Est-ce à dire que les instituts de sondage ont considérablement amélioré leurs techniques, au point de pouvoir prédire les comportements des électeurs, aussi bien, voire mieux que les Français eux-mêmes, dont beaucoup déclarent se décider au dernier moment, y compris jusque dans l’isoloir ? Pour une part, c’est possible. Mais personnellement, j’y vois le franchissement d’un seuil dans la « normalisation » du Rassemblement national.

Ennui

C’est une émotion, non un sentiment, qui donne une impression de vide, de lassitude, causée par le désœuvrement, une occupation monotone ou sans intérêt, elle engendre la mélancolie, le cafard, voire la neurasthénie, et peut mener jusqu’à la dépression. C’est une lassitude morale qui fait qu’on ne prend d’intérêt ni de plaisir à rien.