Les députés anonymes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 28 février 2023 10:46
- Écrit par Claude Séné
Ils sont au nombre de 577, mais, soyons honnêtes, combien d’entre eux sont connus du grand public ? À part celui de leur circonscription, et encore, les Français seraient bien incapables d’en citer plus d’une poignée. Ce sont donc pour la plupart des anonymes, et les récents débats à l’Assemblée nationale semblent indiquer qu’ils cherchent désespérément à se faire un nom pour exister, ce qui explique pour partie les violences verbales des uns et des autres, relayées par les réseaux sociaux. Sans que l’on sache si c’est une cause ou une conséquence de l’âpreté des débats, il semble que la consommation d’alcool à la buvette ait augmenté de façon exponentielle dernièrement.
C’est une affichette indiquant la rupture de stock d’un spiritueux à la menthe, le Get 27 pour le nommer, qui a mis la puce à l’oreille et a poussé le bureau de l’Assemblée à se saisir du problème. Les langues se sont déliées et des députés ont évoqué publiquement les excès de certains de leurs collègues. Il est vrai que cela fait mauvais genre, au moment où les médias sont focalisés sur les dangers de la consommation de drogue au volant, de laisser paraître une forme de banalisation d’une addiction à un produit dont la vente est libre, tout comme le tabac. Il est possible que la virulence des échanges verbaux entre députés et membres du gouvernement ait été accentuée par une consommation d’alcool dont le rôle désinhibiteur n’est plus à démontrer, sans oublier la fatigue due à la longueur des séances, notamment de nuit. Cet élément, qui se rajoute à une tension générale est de nature à altérer la sérénité nécessaire quand il s’agit de sujets aussi importants. On est en droit de s’interroger sur la lucidité des représentants du peuple au moment de voter une loi à une heure tardive, en particulier si c’est sous l’emprise de l’alcool.
Bien entendu, ce risque n’est pas nouveau et les exemples historiques ne manquent pas. On cite souvent Winston Churchill qui ne se cachait pas d’une consommation excessive, dont seule une force de la nature comme lui pouvait réchapper. On se souvient aussi de Boris Eltsine qui avait déclenché un fou rire incontrôlable de Bill Clinton par son état bien avancé d’ébriété publique. Sans compter la confusion provoquée par Nicolas Sarkozy quand son élocution avait fait croire à une ivresse alors qu’il ne consomme aucun alcool. Bref, l’image des parlementaires est déjà suffisamment altérée sans qu’il soit besoin d’en rajouter, et ce n’est pas le salon de l’agriculture et ses multiples tentations gastronomiques qui va arranger les choses. Il serait peut-être utile de fonder une association, toutes tendances politiques confondues, pour organiser des groupes de parole, les députés anonymes, pour soutenir la motivation des représentants dans une démarche de sobriété, si à la mode en ce moment.