Qu’en termes galants
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 27 février 2023 10:49
- Écrit par Claude Séné
Emmanuel Macron a tenu plus de 12 heures, sans battre son record de présence d’un président de la République au Salon de l’Agriculture, une visite à haut risque dans le contexte de contestation sociale et de passage en force sur l’épineux dossier des retraites qui cristallise le mécontentement profond du pays. Il fallait donc s’attendre à quelques interpellations militantes dans la foule de visiteurs, et le service d’ordre présidentiel n’a effectivement pas chômé pour préserver le chef de l’état de toute contrariété. Au point de s’en prendre violemment à un écologiste apparemment inoffensif en le plaquant au sol puis en l’expulsant sans ménagement alors qu’il s’était contenté de crier « le plan de rénovation thermique ! »
C’était encore trop pour un pays où la liberté d’expression existe sur le papier, mais est régulièrement bafouée. Un autre militant a eu plus de chance puisqu’il a pu exhiber son tee-shirt « à quoi tu sers ? » à quelques centimètres d’Emmanuel Macron et lui vider le sac de toutes les frustrations que les Français subissent quand ils ne partagent pas les idées du président. Et surtout, l’écologiste a refusé d’écouter l’argumentation toute prête du Président, affront suprême qui a conduit Mr Macron à refuser le combat en lui suggérant de partir, fait rarissime pour monsieur j’ai réponse à tout. Si l’on excepte la forme policée de l’expression, cette scène rappelle furieusement l’altercation entre un visiteur du Salon de l’agriculture 2008 et Nicolas Sarkozy qui lui avait intimé de partir avec une formulation restée célèbre : « casse-toi, pauvre con ! », vexé que l’homme ait refusé de lui serrer la main. Si le gant de Macron est de velours, l’homme ayant été « bien élevé », la violence institutionnelle n’en est pas moins forte.
Emmanuel Macron n’hésite pas à se servir de son statut pour écraser les faibles : « qui vous a élu ? » demande-t-il, suggérant ainsi que si le monarque s’exprime, le gueux n’a plus qu’à se taire. Il renverse aussi la situation en accusant son interlocuteur de « violence civique » une formule qui ne veut à peu près rien dire. On connait en revanche très bien la violence institutionnelle, quand l’état détient le monopole de la violence légitime et qu’il use, et parfois abuse de la force qui lui a été confiée pour maintenir un ordre républicain dans le respect des droits de chacun. Si cette idée de violence civique a un sens, elle désignerait une forme d’exercice du pouvoir de l’état contre le citoyen, qui peut se voir privé de ses droits civiques dans certains cas de violation des lois. Elle est donc à distinguer de la résistance civique, essentiellement non violente, qui vise à désobéir à des ordres iniques ou immoraux. Retournez donc à vos chères études, Monsieur le Président.