Revendiquez poliment

C’est en substance ce que disait déjà Coluche en son temps. En France, on a le droit de faire grève, et même de manifester, mais il faut le demander gentiment. Le directeur de la SNCF et les ministres du gouvernement n’ont pas de mots assez durs pour stigmatiser le mouvement de grève qui va toucher l’entreprise nationale des transports en plein pendant les festivités de fin d’année. La direction de la SNCF affirme avoir « tout fait » pour éviter qu’on en arrive là. Tout, à l’exception de la seule chose qui aurait pu sauver le soldat Noël : faire droit aux revendications des contrôleurs.

Faut-il rappeler que pour passer un accord, il faut être deux, et que le compromis soit acceptable par les deux parties ? les contrôleurs de la SNCF demandent depuis plusieurs années que leur rémunération soit composée essentiellement du salaire alors que les primes n’ouvrent aucun droit pour leur retraite, et réclament de meilleures conditions de travail, de plus en plus dégradées. Les négociations annuelles obligatoires n’ont rien donné. L’entreprise s’en tient à la compensation de l’inflation, sans revalorisation, soit en réalité une baisse de pouvoir d’achat compte tenu des hausses de l’énergie et des produits de première nécessité. L’argent promis aux usagers pour compenser le préjudice subi par les annulations de train aurait été mieux employé à trouver un accord pour éviter d’en arriver à cette extrémité. La culture des conflits sociaux conduit presque inexorablement à la nécessité de mettre les menaces de grève à exécution pour être prises au sérieux par le patronat, qui préfère perdre de l’argent sans bénéfice pour quiconque plutôt que d’avoir l’air de céder. Et l’État-patron ne fait pas exception à la règle.

Le gouvernement, qui est en responsable, rajoute de l’huile sur le feu en soulignant la gêne causée aux usagers tout en ne levant pas le petit doigt pour faciliter des négociations. Évidemment que ces grèves sont insupportables et pénalisent les Français qui voudraient passer les fêtes en famille. Si le pouvoir ne cède rien quand la gêne est maximale, imagine-t-on qu’il le fera en d’autres circonstances ? Le discours du porte-parole du gouvernement, dénonçant le recours à la grève en cette période de trêve, selon un jeu de mots douteux et déplacé, n’est rien d’autre qu’une remise en cause sournoise et camouflée d’un droit constitutionnel. Tous les moyens pour affaiblir l’esprit de revendication des salariés sont utilisables. La droite classique, héritière de la tradition gaulliste, n’a eu de cesse de miner les bastions de la contestation ouvrière en rognant sur ses droits fondamentaux, rêvant d’empêcher définitivement les mécontents de faire valoir leurs exigences en les astreignant à travailler de force. Cette ni gauche ni gauche cache de moins en moins son jeu et serait prête à s’allier avec ce qu’il reste de la droite historique, voire à pactiser avec le diable en personne si nécessaire.

Commentaires  

#1 jacotte86 22-12-2022 12:14
avec ce mouvement de contrôleurs c'est peut être le feu qui couve gare à la reforme des retraites ça pourrait mettre le feu aux poudres
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