Faites ce que je vous dis
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 7 novembre 2022 11:26
- Écrit par Claude Séné
Le président français est donc présent à l’ouverture de la Cop 27 qui se tient en Égypte et il doit y prononcer un discours, encore et toujours, comme les chefs d’État ont pris l’habitude de le faire, notamment depuis celui de Jacques Chirac en 2002 au sommet de la Terre à Johannesburg, qui est resté dans les annales grâce à la formule inventée par Paul Deléage : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». 20 ans après, nous en sommes toujours au constat, au cri d’alarme, et la situation ne s’est pas vraiment améliorée.
Les pires scénarios envisagés à l’époque, un réchauffement supérieur à 2 ou 3 degrés, seraient maintenant considérés comme des pis-aller, au regard de catastrophes encore plus importantes, et tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le fait que l’objectif d’un degré et demi de réchauffement d’ici la fin du siècle, qui était déjà inatteignable en 2015 lors de l’accord de Paris, est devenu totalement inaccessible de nos jours, même si les états tenaient leurs engagements, ce qui est loin d’être le cas. Emmanuel Macron devrait inciter les pays développés à conforter et augmenter leurs aides envers les pays les plus pauvres, qui sont aussi les plus touchés par les conséquences du dérèglement climatique. Il aura sans doute du mal à convaincre les pays intéressés, alors que la France a été elle-même condamnée pour inaction climatique après la plainte d’organisations non gouvernementales. Au départ, les états se préoccupaient surtout de l’aspect diminution des émissions de gaz à effet de serre, ou plus exactement le ralentissement de leur augmentation. À présent, cet aspect, toujours présent, est accompagné d’une monétisation du préjudice subi par les populations concernées.
Dans les deux cas, il va falloir persuader les pays les plus pollueurs, États-Unis et Chine en tête, de mettre la main au porte-monnaie. Macron apparait une fois encore comme un donneur de leçon, en affirmant que l’Europe est un peu seule à accepter d’aider les pays du Sud, et qu’il faudrait que tout le monde « paye sa part ». Sans mésestimer l’importance de débloquer des budgets pour favoriser la lutte contre le dérèglement climatique, force est de constater que les vœux pieux et les engagements non tenus décrédibilisent fortement les « grands-messes » que sont devenus ces rassemblements annuels. Personne n’en attend plus grand-chose. Des activistes tels que Greta Thunberg ne vont même pas faire le déplacement à Charm-el-Cheikh, considérant que rien ne sortira de vraiment efficace d’une telle réunion. On écoutera avec intérêt, mais sans illusions, les annonces promises par Emmanuel Macron en septembre dernier devant l’assemblée générale de l’ONU. J’ai bien peur que l’on attende encore une fois que les autres pays dégainent les premiers, et que l’on se contente du minimum syndical dans un jeu de poker menteur.