Gouverner c’est prévoir

Un des inventeurs présumés de la formule, Émile de Girardin, ajoutait même que ne rien prévoir, c’était courir à sa perte. Et rien n’est plus difficile à prévoir que l’avenir, qu’il soit proche ou plus lointain. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, en a refait l’amère expérience en prétendant qu’il n’y avait pas de pénurie d’essence quand les files d’attente aux stations-service commençaient déjà à s’allonger dangereusement. Il faut dire que l’ancien ministre de la Santé bénéficiait d’une solide expérience après sa gestion du Covid et l’affirmation, contre toute évidence, que nous ne manquions ni de masques, ni de lits de réanimation, ni de tests, ni de vaccins, ni de personnel, et en tout cas que lui ne manquait pas d’air.

Il serait injuste de faire porter l’entière responsabilité de la crise sur le porte-parole du gouvernement. Aucun des ministres ne semble avoir vu venir les conséquences de ce mouvement social, y compris Agnès Pannier-Runacher, chargée de la Transition énergétique, contrainte de surcroît à l’isolement pour cause de Covid. La doctrine officielle voulait que l’état ne se mêle pas des négociations entre partenaires sociaux, ce qu’il a fini par faire quand même en décidant de réquisitionner des ouvriers grévistes chez Esso, la pire façon de procéder, en portant atteinte au droit de grève. Autant agiter un chiffon rouge devant les syndicats, court-circuités de fait, et qui ne manqueront pas de réagir. Malgré tous les efforts du gouvernement, le mouvement social, bien que gênant, reste assez bien compris de la population, et c’est plutôt l’état qui est jugé sévèrement pour sa gestion, désapprouvée par près des trois quarts des Français. La Première ministre, à titre personnel, a dévissé de 6 points dans les sondages, avec 38 % seulement d’opinions favorables, repassant derrière le président Macron, stable à 39 %.

Si l’on combine cette situation tendue avec une majorité instable au parlement et l’impopularité d’un passage en force avec l’utilisation du 49.3 prévisible à courte échéance, le climat est assez explosif pour que l’on puisse se demander quelle sera l’évolution politique et sociale des prochaines semaines, avec des manifestations et des appels à la grève dans de nombreux secteurs de l’activité. Les appels à la concertation sur la réforme des retraites semblent bien éloignés des préoccupations actuelles des Français. Ils paraissent déterminés à obtenir une compensation à la perte de pouvoir d’achat par une augmentation des salaires. Et c’est précisément ce que cherche à éviter à tout prix ce gouvernement et ce président, qui s’allient objectivement avec le grand patronat. Ce qu’illustre parfaitement la position de Total, prêt à lâcher un treizième mois sous forme de prime, à condition que les salaires ne bougent pas et que tout soit octroyé unilatéralement, sans négociations. L’hiver social sera-t-il chaud ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 14-10-2022 11:22
on est pas loin de la chienlit chère à de gaulle...
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