Ne soyons pas de mèche…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 6 octobre 2022 10:50
- Écrit par Claude Séné
Avec le pouvoir iranien ! Une cinquantaine de femmes françaises connues, artistes, actrices ou comédiennes, ont publié une vidéo sur Instagram dans laquelle elles se coupent une mèche de cheveux en signe de solidarité avec les femmes iraniennes qui se rasent la tête ou se coupent les cheveux en geste de protestation après la mort de Mahsa Amini. Rappelons que cette jeune femme de 22 ans a été arrêtée le 13 septembre dernier par la police des mœurs, au seul motif qu’elle portait, parait-il, mal son voile. Frappée et violentée, elle finira par en mourir le 16 septembre. Sa mort a déclenché un vaste mouvement de protestation dans tout le pays.
Au péril de leur vie, des femmes, mais aussi des hommes, manifestent contre ce régime théocratique qui veut faire respecter à la lettre la charia, la loi islamique la plus rigoriste, en interdisant la moindre mèche de cheveux rebelle et en obligeant, entre autres choses, les femmes à porter le voile de telle sorte qu’elles ne puissent pas tenter ces pauvres hommes, religieux ou non, incapables de résister à leurs avances. Ces manifestations sont évidemment sauvagement réprimées par les ayatollahs iraniens et leur police. Ce ne sont pas moins de 92 personnes qui ont été tuées selon le décompte de la branche iranienne de l’observatoire des droits de l’homme depuis le début de ce qui apparait comme plus qu’une révolte, mais bien une forme de révolution, faisant pendant à la révolution islamique de 1979 et l’arrivée au pouvoir d’un régime dictatorial. Il semble bien que l’assassinat de Mahsa Amini ait fait sauter une digue dans le pays, laissant s’exprimer un mécontentement latent. On ne peut qu’être admiratif devant le courage d’une population qui exprime sa colère et sa tristesse devant la répression sauvage du pouvoir en place.
Depuis 40 ans, le pouvoir islamiste a bénéficié du repoussoir que constituait le régime autoritaire du Shah, largement soutenu par les États-Unis. Le juste combat contre Reza Pahlavi se confondait avec la lutte pour un état islamiste qui a démontré depuis qu’il ne valait pas mieux que l’ancien régime. L’antiaméricanisme a permis de souder les révolutionnaires et a tenu lieu de doctrine politique, cependant que les sanctions internationales pour tenter d’empêcher l’Iran de devenir une nation nucléaire frappent durement la population et renforcent le pouvoir religieux. Malgré ou grâce à ces conditions difficiles, la culture et l’art iraniens sont plus florissants que jamais, notamment dans la production cinématographique qui réussit à s’exporter, malgré la censure des autorités. Une fausse note dans ce concert de solidarité avec les Iraniens, celle de Véronique Genest, en mal de notoriété, peut-être, qui ironise sur la portée du geste symbolique de ses consœurs et suggère une action plus radicale avec carrément une « boule à zéro ».