Les nouvelles vont vite
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 4 octobre 2022 10:32
- Écrit par Claude Séné
Enfin, quelquefois. Cette phrase faisait la légende d’un dessin humoristique dû au talent de Philippe Gelluck qui représentait son personnage fétiche, le Chat, planté devant un panneau indicateur qui annonçait : « vous êtes ici ! » Il aura en effet fallu attendre le 3 octobre pour que l’information sorte : la mise en examen d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée et ami personnel du Président de la République, pour « prise illégale d’intérêts ». Emmanuel Macron n’a pas jugé utile de le démettre de ses fonctions, ni même de lui demander de se mettre « en réserve de la République ».
Tout en reconnaissant à Alexis Kohler le droit, comme tout justiciable, à la présomption d’innocence, il me semble que cette attitude est préjudiciable au fonctionnement de l’état, dont Alexis Kohler est un des rouages importants. Les soupçons qui pèsent sur lui sont de nature à entraver son action et par voie de conséquence de gêner l’activité présidentielle au quotidien. La mise en examen, qui fait suite à la plainte de l’association Anticor pour des faits remontant à 2010 et 2011, concerne des contrats approuvés par Mr Kohler, alors membre du conseil de surveillance de MSC, un armateur fondé et dirigé par des membres de sa famille, a été signifiée le 23 septembre dernier, mais n’a semble-t-il pas fait bouger grand-chose dans le pantalon du chef de l’état, selon la formule élégante empruntée à un de ses prédécesseurs. On peut reconnaître au Président la qualité d’être fidèle en amitié, mais malheureusement également le défaut symétrique de manquer de discernement dans le choix de ses proches, comme en a témoigné en son temps l’affaire Benalla.
Cette officialisation des accusations visant le secrétaire général tombe au plus mauvais moment, car un autre fidèle du président, le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, est lui aussi renvoyé devant une juridiction d’exception pour des prises illégales d’intérêts dans deux dossiers épineux. Il est reproché au ministre d’avoir abusé de ses fonctions actuelles pour se venger de magistrats avec lesquels il a eu maille à partir quand il n’était que simple avocat. Il se retrouve avec une situation inextricable où il devrait être juge et partie, un fait inédit, puisqu’il devrait se juger lui-même et assurer l’impartialité des débats. En connaisseur de la chose publique et des rouages de l’institution judiciaire, il semble vouloir retarder ou éviter le cours de la Justice en utilisant tous les artifices disponibles. Là aussi, la sagesse et l’intérêt de la nation commanderaient une mise à l’écart du ministre de la justice, mis dans une position intenable. Ce devrait être une décision du plus haut sommet de l’état, comme une mesure conservatoire. Éric Dupont-Moretti, par respect pour sa fonction, devrait présenter sa démission et le président devrait l’accepter, et le plus tôt sera le mieux.