Le fiasco et le chaos

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le mardi 31 mai 2022 10:38
Écrit par Claude Séné

Le monde entier a suivi les images de la finale de ligue des champions qui s’est déroulée samedi dernier au stade de France entre le club de Liverpool et le Real de Madrid et a pu constater l’incurie de l’organisation française, incapable d’assurer ne serait-ce que la sécurité physique des spectateurs et un accès normal aux gradins dans le stade. Le bilan est catastrophique et l’on entend au travers du discours officiel qu’il aurait pu être pire encore, tant les organisateurs et la police ont été totalement débordés par les évènements et le déroulement de la soirée.

Si l’on comprend bien Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, nous devrions nous estimer heureux qu’il n’y ait pas eu de morts à déplorer et nous féliciter de la façon dont la police a géré la situation de crise. Maigre consolation devant un tel constat d’échec. Le coup d’envoi a dû être repoussé de 36 minutes pour laisser rentrer les spectateurs munis de billets, bloqués aux entrées du stade, et la police a surtout matraqué indistinctement, y compris des familles pour dégager les accès, en ayant également recours à des tirs de grenades lacrymogènes. Pendant ce temps, des fauteurs de trouble issus des quartiers proches du stade tentaient de s’introduire frauduleusement et faisaient les poches des candidats spectateurs pour leur dérober leurs billets achetés en toute légalité. L’effet est évidemment désastreux à quelques jours d’une élection législative à haut risque pour le pouvoir, quelques mois de la coupe du monde de rugby en France et quelques années de la tenue des Jeux olympiques à Paris.

Il fallait trouver un bouc émissaire, et d’urgence. Ce seront les Anglais. Le ministre de l’Intérieur et sa collègue des Sports, vont accuser le club de Liverpool d’avoir laissé prospérer une fausse billetterie, à l’origine de tous les débordements. On ne sait pas d’où sort le chiffre de 30 à 40 000 faux billets qui auraient été vendus aux supporters anglais, soit un surnombre de spectateurs potentiels de l’équivalent du parc des Princes. Cette excuse farfelue est totalement fantaisiste et ne tiendra pas longtemps la route. Du côté de l’extrême droite et de la droite, on préfère pointer du doigt les fameux jeunes de banlieue, responsables de tous les maux de notre société, que l’on accuse très facilement, surtout s’ils sont « issus de l’immigration ». À 300 ou 400, ils seraient donc impossibles à contrôler ? On comprend pourquoi le préfet de Police Lallement n’a pas été autorisé à s’exprimer lors de la conférence de presse. À dire vrai, le même mutisme de la part de la nouvelle ministre des sports, dépassée par les évènements, n’aurait pas été une mauvaise idée. Elle a péniblement ânonné ses éléments de langage, montrant un manque de pratique de la langue de bois qui ne pourra que s’améliorer, malheureusement.