Le jugement de Dieu
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 19 mai 2022 11:06
- Écrit par Claude Séné
Au moyen-âge, il existait une forme de procès qui consistait à soumettre l’accusé à une épreuve potentiellement mortelle afin de déterminer sa culpabilité éventuelle. S’il s’en sortait, c’est que Dieu l’avait voulu et qu’il était donc innocent. C’est à une forme moderne de cette superstition que nous convie le délégué général d’En Marche, Stanislas Guérini, qui soutenait Jérôme Peyrat, investi par son mouvement pour les prochaines législatives, alors qu’il a été condamné par la justice pour violences volontaires à l’encontre de sa compagne. Pour Mr Guérini, le seul jugement qui compte, c’est celui du suffrage universel. Si les électeurs le désignent comme leur représentant, ce serait la preuve de son honnêteté et de sa bonne foi.
Voilà une vision particulière et féodale de la justice, constamment démentie par les faits, dont l’exemple le plus démonstratif est apporté par le parcours des époux Balkany, constamment condamnés dans toutes les instances devant lesquelles ils ont fait comparu, mais qui ont aussi été constamment réélus par une population sensible à leur clientélisme et aux cadeaux qui entretiennent l’amitié. Citons aussi Serge Dassault qui achetait régulièrement les votes de ses concitoyens, dépensant sans compter pour ses réélections, la liste n’étant pas exhaustive. Et je ne parle même pas des régimes autoritaires qui ont élevé la fraude électorale au rang des beaux-arts, assurant des scores invraisemblables à leurs dictateurs dans des parodies de démocratie.
Tous les partis vont essayer d’être adoubés par le peuple souverain, ne serait-ce que parce que c’est la clé du financement public prévu par la loi. L’enjeu est particulier pour le Rassemblement National qui essaye de se débarrasser de l’étiquette d’extrême-droite qui lui colle aux basques comme du papier tue-mouches malgré les efforts de Marine Le Pen. C’est ainsi qu’un de ses représentants, candidat dans la 3e circonscription du Rhône, a tenté le tout pour le tout. À court d’arguments, il a brandi une photo de sa femme pour montrer qu’elle était noire, en guise de brevet d’antiracisme. Cela m’a rappelé cette sortie restée fameuse de Jean-Marie Le Pen : « Mon personnel de maison est noir, mon cuisinier est noir. Que faut-il que je fasse ? Que je me marie avec un noir, homosexuel et sidaïque ? » Ce n’est pas parce que plus de 41 % de suffrages exprimés se sont portés sur la candidate du Rassemblement National au 2e tour de l’élection présidentielle, en grande partie par rejet du président sortant, que ses idées sont brusquement devenues plus fréquentables. Dans le sud des États-Unis aussi, avant l’abolition de l’esclavage, les gros planteurs étaient servis par du personnel noir. Et dans les townships d’Afrique du Sud, la ségrégation raciale se doublait bien d’une ségrégation sociale. C’est tout cet héritage, encore visible dans le récent massacre de Buffalo, que le RN voudrait faire oublier.