PPD
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 29 avril 2022 11:11
- Écrit par Claude Séné
Les « Guignols » de Canal Plus en avaient fait un des personnages incontournables de leurs parodies de journal télévisé, mais comme souvent, en dépit des moqueries, la marionnette en latex parvenait à être plus « sympatoche » que l’original. D’ailleurs, PPD, le faux, était resté à l’antenne de Canal Plus longtemps après que PPDA, le vrai, ait quitté la présentation de la grand-messe de TF1 à 20 heures. Personne, dans le public n’imaginait que cette grande figure du journalisme, à peine écornée par l’interview bidonnée de Fidel Castro, une mise en scène douteuse du sauvetage d’un enfant en Irak, des cadeaux embarrassants de Pierre Botton condamné pour abus de bien sociaux et le plagiat d’une biographie d’Ernest Hemingway, était un prédateur sexuel.
Je sais, PPDA est présumé innocent tant que les affaires dans lesquelles il est cité n’ont pas été jugées. Cela n’empêche pas d’avoir une opinion, et en ce qui me concerne elle est défavorable. Le nombre de victimes présumées est impressionnant. Au moins 27 femmes l’accusent de violences sexuelles, et leurs récits sont concordants. Malheureusement, dans beaucoup de cas, les faits sont prescrits, mais une dizaine de plaintes ont été déposées et la liste n’est pas close, elle s’est allongée encore récemment. Naturellement, le journaliste se défend en poursuivant ses accusatrices, les taxant de mythomanie, d’appât du gain ou de célébrité facile. Son avocat a donc porté plainte contre 16 femmes pour « dénonciation calomnieuse ». Est-ce à dire qu’il reconnait sa culpabilité envers les autres femmes qui ne sont pas poursuivies ? Ou bien serait-ce la preuve qu’il s’agit purement et simplement d’une tentative d’intimidation pour faire tomber les témoignages en sa défaveur ? Par ces plaintes, PPDA renverse la charge de la preuve. Ce sont les victimes qui devront prouver leur innocence. Un comble !
Une consolation cependant, c’est la dégradation physique de l’ancien présentateur, dont le comportement pourrait s’expliquer par l’illusion d’être irrésistible. On aurait presque pitié de lui, tant il apparait déplumé, uniquement sel et plus du tout Poivre, n’ayant conservé de sa superbe qu’un sourire carnassier, qui prend aujourd’hui tout son sens de révélateur d’une nature de prédateur. Je crois que Guy Bedos, qui improvisait parfois dans ses sketches, l’avait, une fois ou l’autre, cité : « le Poivre avait une petite mine » en lieu et place de Mourousi. Je peux lui confirmer, même à titre posthume, que PPDA n’est pas actuellement au mieux de sa forme, et qu’il aura du mal à s’attirer la sympathie après les révélations qui s’accumulent. Sa seule ligne de défense est d’invoquer la jalousie ou la malveillance, tirant argument du décalage temporel entre les plaintes et les faits. On sait aujourd’hui que presque tout le monde était au courant dans le milieu professionnel, mais que la loi du silence et la crainte des représailles ont empêché la manifestation de la vérité. Ce temps semble enfin révolu.