Un fauteuil pour trois
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 6 avril 2022 10:51
- Écrit par Claude Séné
Tu veux dire pour deux, chroniqueur matutinal ? aux présidentielles, le couperet tombe au soir du premier tour, et il ne reste plus que deux candidats qualifiés pour le second, contrairement à d’autres élections où la pluralité peut encore s’exprimer dans des triangulaires ou même des quadrangulaires. Ce qui a donné lieu à la formule célèbre : « au premier tour, on choisit, au second, on élimine ». Mais les Français qui votent encore, même s’ils sont de moins en moins nombreux, ont tellement bien assimilé la leçon, qu’ils se sont transformés en stratèges, qui anticipent les résultats du premier tour, en se fiant plus ou moins aux sondages.
On connaissait déjà la prime aux sortants. On a tendance à plus faire confiance à celui ou celle qui connait déjà le job, on sait ce qu’on a, on ne sait pas sur qui on peut tomber. À moins que le sortant n’ait réalisé le pire de ce que nous pouvions craindre. C’est donc à double tranchant et explique pourquoi la plupart des présidents qui briguent un second mandat s’échinent à expliquer qu’ils ont changé et qu’ils feront beaucoup mieux la prochaine fois, tandis que les nouveaux mettent l’accent sur les changements. Certains, comme Pompidou, puis Giscard, ont tenté le coup du changement dans la continuité, quand d’autres prônent de tout changer pour que rien ne change. Si les sondages disent vrai, les deux derniers finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen devraient rejouer le match de 2017, alors que les Français souhaitaient l’éviter, selon ces mêmes enquêtes d’opinion. Mais les sondeurs eux-mêmes mettent en garde sur leurs estimations. Il existe des marges d’erreur incompressibles de 2 à 3 %, qui peuvent s’annuler, mais aussi se cumuler, renversant alors l’ordre d’arrivée. Deuxième biais, le manque de sincérité dans les réponses, qui conduit les instituts à « corriger » les données brutes en fonction d’un supposé vote caché, malgré l’anonymat des déclarations. Enfin la volatilité de l’électorat peut changer le choix jusque dans l’isoloir.
Compte tenu de ces éléments, une surprise n’est pas totalement exclue dans les résultats du premier tour, mais, à tort ou à raison, les Français estiment que les « petits candidats », qui réunissent moins de 10 % de l’électorat, sont trop loin pour espérer se qualifier. Ils se portent donc sur ceux qui ont une chance de l’emporter. C’est ainsi que Marine Le Pen, longtemps au coude à coude avec Éric Zemmour, semble bénéficier d’un report des voix du nouveau venu en sa faveur, considérant que leurs programmes sont proches. À gauche, c’est Jean-Luc Mélenchon qui serait dépositaire de ce qui reste d’une opposition progressiste, mais la dispersion des candidatures et une personnalité clivante font douter d’une possible remontada, à moins que les planètes ne s’alignent par miracle dans la dernière ligne droite.
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