Toutes affaires cessantes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 23 mars 2022 10:43
- Écrit par Claude Séné
Aujourd’hui, je me devais de vous entretenir d’une question d’une importance extrême, dépassant de loin les broutilles dont je fais, comme vous, mon ordinaire depuis des semaines et des mois. Permettez-moi de vous allécher quelque peu en ne vous dévoilant pas de prime abord le sujet de cette réflexion et en vous invitant à essayer de deviner de quoi il retourne. La guerre en Ukraine, et l’exhortation du président Zelensky à durcir les sanctions à l’égard des intérêts russes de Poutine et ses soutiens ? vous n’y êtes pas, bien que vous n’y échapperez pas, et très bientôt, malheureusement.
Alors, la suite du feuilleton sur le Covid, qui s’obstine à ne pas disparaître malgré la hausse des températures, et le diktat du gouvernement qui avait décidé de son extinction programmée au 14 mars ? Pas davantage. La Corse ? Que nenni ! La non-campagne présidentielle, sans débat, mais avec bourrage de crâne de tous les soutiens du président sortant ? Pas plus. Alors, quoi ? Bon, j’ai pitié de vous. La grande nouvelle du jour, c’est la publication par le ministère de l’Éducation des taux de réussite au baccalauréat 2021 dans les différentes filières. Comme on le sait, les Français ont la manie des classements et le culte de la note. C’est donc un marronnier inoxydable que de publier des palmarès en tous genres pour départager les meilleurs hôpitaux ou les restaurants les plus prestigieux sur des critères souvent subjectifs. Avec le bac, c’est facile, il suffit de compter : le taux de réussite maximal de 100 % serait le gage d’un enseignement de qualité, et la promesse de faire valider « le précieux sésame » selon l’expression fourre-tout qui marche aussi pour le permis de conduire et tout ce que vous voudrez. Les parents avisés n’auront plus qu’à se précipiter pour inscrire leurs enfants dans les « bons établissements ».
Les esprits chagrins, dont je suis, ayant fait remarquer que les petits malins qui veulent obtenir de bons résultats seraient tentés de sélectionner les élèves pour arriver à leurs fins, le ministère s’est livré à des calculs plus savants pour déterminer « un taux de réussite attendu » selon le profil des élèves. Reste que si votre dossier scolaire n’est pas le meilleur possible, ou que vous n’habitez pas le bon quartier, vos chances d’intégrer les lycées parisiens prestigieux comme, par exemple, Henri IV, sont proches de zéro. On se demande à quoi ou à qui servent ces calculs, ces comptes d’apothicaire. L’objectif du service public d’éducation devrait être de dispenser un enseignement de qualité dans tous les établissements, au lieu de concourir à la ghettoïsation des parents pauvres au profit d’élites bien nées, quelle que soit la région où l’on habite. Cela passe par une revalorisation effective du métier d’enseignant, dans tous les degrés, de la maternelle à l’Université, avec une formation solide et une rémunération comparable à celle des autres pays européens.