Le Marseillegate

Mine de rien, le candidat président, à moins que ce ne soit le président candidat, vient de se payer, à nos frais, un coûteux clip de campagne en mobilisant tous les médias pendant 3 jours afin de se faire une autopromotion sans précédent, confondant allègrement finances et moyens de l’état avec cèlzéceux de son intérêt personnel en vue de sa réélection. Un clip à un milliard et demi d’euros quand même, car Emmanuel Macron a vu grand. Rien n’est trop beau quand on dispose des ressources du pays et que l’on peut faire du clientélisme à grande échelle.

Naturellement, il n’est pas question de faire figurer ces dépenses dans les comptes de campagne, d’autant plus que le candidat ne sera peut-être plus là pour honorer ses promesses, si d’aventure les Français prenaient conscience de l’escroquerie permanente qu’a constituée son élection et décidaient de ne pas renouveler le bail. Les 22 millions environ auxquels étaient plafonnées officiellement les dépenses en 2017 font bien pâle figure au regard du budget officieux que va nous coûter pour de bon l’ambition présidentielle. De quoi donner le tournis à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, qui va avoir beaucoup de travail en 2022, pour essayer de rétablir un semblant d’équité au milieu d’un foisonnement anarchique de dépenses plus ou moins liées aux ambitions des candidats potentiels.

Et pendant ce temps, le président répond à des défis puérils en exhibant les portraits de trublions youtubeurs, qu’il met sur le même plan que Samuel Paty, victime du terrorisme, dans un nivellement terrifiant des valeurs. Il se permet aussi de remettre en question, au détour d’une phrase, un droit fondamental des salariés, celui de faire grève, jugeant que les Marseillais en faisaient un trop grand usage. De quoi je me mêle ? C’est lui qui subit la dégradation des conditions de travail, à l’hôpital ou ailleurs, sans la moindre compensation financière ? Quel autre moyen d’expression reste-t-il, à Marseille et en France, quand les revendications sont traitées par le mépris ? L’état suggère aux patrons d’augmenter les salaires tout en refusant le moindre coup de pouce au SMIC : cherchez l’erreur. Dans son discours-fleuve, Emmanuel Macron a réussi aussi à caser un point de vue sur l’éducation, jugeant probablement que son ministre chargé du dossier était dépourvu de toute compétence, au point que même le Premier ministre s’est fendu d’une mise au point sur l’allocation de rentrée scolaire. Selon le président, ce dont l’école a besoin, c’est d’un pouvoir renforcé de ses directeurs, qui croulent sous les tâches administratives, pour en faire des petits patrons, chefs de leurs start-ups-écoles, quand ils demandent un allègement de leur travail et une reconnaissance financière. « Je vous ai compris ! » s’était exclamé le général de Gaulle à Alger le 4 juin 1958. La foule en liesse l’avait cru sur parole avant de s’apercevoir, des années plus tard, qu’il ferait l’exact contraire de ce pour quoi ils l’avaient plébiscité.