La bonne Dame de Nancy (suite)

On ne peut pas faire l’impasse sur la personnalité de Simone Weber qui a, pendant toute l’instruction et au tribunal, nié formellement avoir tué son ex amant.

Au fur et à mesure de l’instruction, on découvre toutes les malversations dont elle peut se rendre coupable, et sa capacité extraordinaire à manipuler les gens autour d’elle de façon à servir ses projets diaboliques !

C’est son gendre qui a accepté de fournir un faux certificat d’arrêt maladie supposé prouver que Hettier était encore en vie après le 22 juin, sa sœur bien sûr a été sa complice, en prison, elle règne en caïd …

Revenons à Marcel Fixard, 81 ans, qui l’engage comme dame de compagnie, après qu’elle se soit présentée comme professeur de philosophie en retraite, et qu’elle épouse à la mairie de Strasbourg le 22 avril 1980, ayant obtenu une autorisation de non publication des bans, avec un figurant supposé être le mari. Fixard meurt trois semaines plus tard ignorant qu’il était marié, puisque l’enquête prouvera qu’il n’était pas présent la mairie. On soupçonne l’empoisonnement à la digitaline que Simone Weber obtenait facilement à la pharmacie avec des fausses ordonnances dont elle possédait un fichier complet. On découvrira en même temps que ces fausses ordonnances, une collection de tampons de mairie, des armes, des explosifs, tous destinés un jour à être des éléments de ses stratagèmes.

À l’ouverture du testament, découvrant qu’elle n’est pas héritière, elle fabrique un faux testament postérieur, le présente au notaire et touche l’héritage, la maison de Rosières aux Salines.

Au cours du procès, celle qui dit faire partie des « bons genres » contrairement aux » basses classes », va transformer le tribunal en scène de théâtre ! C’est elle qui récuse les jurés, ainsi que 25 avocats dont Me Collard et Me Vergès, qu’elle accuse d’être trop vulgaire, elle insulte les témoins, se permet de rire à la réquisition de l’avocat général… avec beaucoup de répartie, elle invective, elle raille les experts, elle s’en prend aux hypocrites, aux paresseux, aux gros bonnets qu’on blanchit facilement, c’est son côté Robin des bois qui plait au public. C’est elle qui préside, elle prend des notes, elle plaide, mais prend beaucoup d’égards pour s’adresser au président Pacaud avec une voix douce !

Le 28 février 1991, innocentée du meurtre de son faux mari, mais coupable d’avoir découpé son ancien amant, sans préméditation, elle est condamnée à 20 ans de réclusion. Avec les remises de peine et sa bonne conduite, elle sera libérée en 1999. Sa sœur Madeleine qu’elle retrouvera à Cannes à sa libération, a été condamnée à deux ans de prison dont six mois avec sursis.

 Cette petite bourgeoise de 60 ans, boulotte, à l’apparence bonasse, qui évoque plus collier de perles et confiture que menottes et scie électrique, est sans conteste une personnalité pleine de contradictions, qui échappe à tout schéma classique mais sûrement coupable du crime dont elle a été accusée.

Criant toujours son innocence, en 2017, à 86 ans, son avocat demande pour elle une révision de son procès. La justice acceptera-elle de rouvrir le dossier ? Cela lui permettrait de sortir de l’anonymat et de jouer à nouveau les divas échappant à la petitesse de sa destinée !!!

L’invitée du dimanche