Barbie divorcée

C’est l’histoire d’un mec, qui rentre dans un magasin de jouets pour acheter une poupée. Il y a tout un rayon de Barbie, dont une coûte beaucoup plus cher que toutes les autres. La vendeuse lui explique : « c’est parce que c’est Barbie divorcée. Elle est fournie avec la voiture de Ken, la maison de Ken, le camping-car de Ken et tous les accessoires… » Bien que les restrictions de déplacements m’aient empêché de me rendre dans mon salon de coiffure habituel, j’ai quand même entendu parler du divorce du siècle, celui de Melinda et Bill Gates qui possède la 4e fortune mondiale avec 124 milliards de dollars.

Les clauses de l’arrangement financier qui a dû être âprement négocié par les avocats du couple sont confidentielles, mais on peut supposer que la cote de Melinda Gates a fait un très gros bond en avant sur le marché de l’occasion. Malgré ce divorce, les ex-époux continueront à gérer ensemble la fondation qu’ils ont créée en 2000, avec un autre milliardaire américain, Warren Buffet, dans le but de financer une aide massive au développement, à la santé des enfants et aux populations défavorisées. Bill Gates a beau dépenser sans compter pour alimenter la fondation, le créateur de Microsoft voit sa fortune augmenter mécaniquement du fait du système financier mondial qui lui octroie une rente de situation, au même titre que les 3 super riches qui le précèdent au classement Forbes : Jeff Bezos (Amazon), Elon Musk (Space X), et Bernard Arnaud (LVMH). Bill Gates se serait donné comme objectif de consacrer 95 % de sa fortune à la lutte contre les maladies et l’analphabétisme dans les pays du Sud. La fondation a déjà financé la vaccination de 55 millions d’enfants. Avant d’ériger une statue au milliardaire américain et à son ex-épouse en demandant leur canonisation avec effet immédiat, il faut s’interroger sur le système qui amène une telle concentration de richesses dans les mains de quelques privilégiés.

C’est le pur produit du capitalisme triomphant et le résultat d’une évasion fiscale massive. Les trusts multinationaux connus sous l’acronyme de GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) utilisent tous les moyens légaux pour minimiser leur contribution financière dans les pays où ils génèrent leurs chiffres d’affaires colossaux, tout en exploitant leurs salariés. Au lieu de bénéficier aux états pour développer des politiques publiques et contribuer à la réduction des inégalités, avec un effet redistributif comme le font les impôts en général, les profits sont laissés au bon vouloir des dirigeants, qui se voient accorder ainsi un pouvoir exorbitant sans aucun autre contrôle que celui des actionnaires qui ne sont intéressés que par le rendement de leur placement. C’est un système qui substitue la charité, l’aumône, à la solidarité et la justice. Bill Gates et quelques milliardaires ont d’ailleurs demandé il y a quelques années à être taxés beaucoup plus massivement, mais ils ne semblent pas avoir été entendus.