Les 1er mai d’antan

Ils ont bel et bien disparu, tout comme les funérailles du même tonneau jadis regrettées par l’oncle Georges. Les grands défilés unitaires qui rassemblaient traditionnellement de République à Nation en passant par Bastille ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les évènements sanitaires avec la crise du coronavirus n’ont fait qu’aggraver la situation ces deux dernières années, en restreignant l’espace disponible, et le nombre de manifestants potentiels. De là à imaginer que ce serait la CGT qui deviendrait la cible des débordements des gilets jaunes et des blacks blocks, il y a un monde, qui m’a rempli de perplexité.

Je veux bien que dans le passé certains « gros bras » recrutés par les syndicats aient organisé un service d’ordre « musclé », capable de répliquer aux débordements des casseurs, qui ont de tout temps profité des circonstances pour piller les magasins et détruire le mobilier urbain pour le plaisir, mais je n’ai pas connaissance de bavures où les camarades syndiqués s’en seraient pris aux simples manifestants pour faire usage de leur force qu’il leur suffisait généralement de montrer. Et c’est la première fois que j’entends traiter les cégétistes de collabos, la pire insulte pour les héritiers de la résistance à l’Allemagne nazie. S’il y a eu des excès dans le maintien de l’ordre, c’est plutôt du côté du préfet de police de Paris, Didier Lallement, qu’il faut les rechercher dans un passé récent, avec les techniques dites de nasse, qui aboutissent nécessairement à des violences institutionnelles, potentiellement très risquées. Sans compter l’éveil de vocation que l’on a constaté en 2018, quand Alexandre Benalla, autoproclamé redresseur de torts, profitait du défilé du 1er mai pour s’adonner à sa nouvelle passion, celle de casser du manifestant, en compagnie de quelques complices. Il sera bientôt jugé pour ces faits, à présent que le président Macron l’a lâché, contraint et forcé.

Il y a pourtant des défilés du 1er mai que l’on ne regrettera pas. Ce sont les parades militaires de l’ex-URSS, qui étaient destinées à impressionner les pays de l’Ouest : les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN. Ces défilés interminables montraient la puissance de l’armée rouge, qui depuis a certes régressé, mais qui conserve un pouvoir de nuisance encore très visible au Moyen-Orient, notamment par le soutien au régime syrien, bourreau de son peuple. Et puis je n’oublierai pas une cérémonie qui vient parasiter la fête des Travailleurs depuis 1988. Un hommage rendu à Jeanne d’Arc par le Front national, aujourd’hui Rassemblement national, par son fondateur, Jean-Marie Le Pen, et dont la fille perpétue la tradition. L’objectif évident de cet hommage est de préempter les médias en profitant du retentissement d’une fête appartenant aux travailleurs et en brouillant le message pour faire parler de soi. Cette tentative de récupération, inspirée du Maréchal Pétain, n’a jamais eu le succès national espéré.

Commentaires  

#1 jacotte 86 04-05-2021 12:50
comme dit la chanson..."il est revenu le temps du muguet comme un vieil ami fatigué" comme jamais
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