Les cent jours de Napoléon Biden

Depuis Franklin Delano Roosevelt, qui devait quand même faire face à la crise économique de 1929, les présidents américains sont généralement jugés à l’aune de leur aptitude à prendre des mesures importantes au cours des 100 premiers jours de leur mandat. Joe Biden n’échappe pas à la règle et il a voulu en tirer un bilan devant le congrès, comme tous ses prédécesseurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a surpris son monde. Lui, que son adversaire qualifiait d’endormi, présente un bilan plutôt flatteur.

Il bénéficie de la gestion de la crise sanitaire initiée par l’administration Trump, qui a investi beaucoup d’argent dans la mise au point et le développement des vaccins, alors que le président lui-même ne croyait guère à la science et prônait des méthodes plus que douteuses pour lutter contre l’épidémie. Joe Biden aura eu le mérite de pousser la campagne vaccinale et de doubler les objectifs qu’il s’était fixés avec 200 millions de doses injectées. Il doit se dépêcher de faire voter le plan massif de relance et les mesures fiscales avant les élections de mi-mandat où il pourrait perdre la courte majorité qu’il détient au Sénat. Joe Biden avait déjà l’expérience de ses 8 ans passés auprès de Barak Obama en tant que vice-président, et il a actionné l’appareil de l’état sans attendre. S’il est peu sorti du bureau ovale de la Maison-Blanche, il a pris de nombreux décrets, parmi lesquels le retour des États-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique. Contrairement à ce que l’on attendait, il ne semble plus exclure l’éventualité d’un second mandat et il n’est plus question de mettre en avant sa vice-présidente, qu’on voyait déjà lui succéder, y compris en cours de mandat en cas de problèmes de santé.

Vu d’Europe, le nouveau président a le mérite de vouloir mettre au pas les fameux Gafam en les taxant uniformément pour qu’ils n’aient aucun avantage à rechercher des paradis fiscaux. Les pays européens pourraient en profiter pour balayer devant leur porte et cesser le dumping fiscal auquel se livrent certains membres de l’UE. Mais ce qui fait grand bruit outre-Atlantique, c’est la mise en œuvre d’un programme « révolutionnaire » qui prévoirait des mesures dignes du robinet d’eau tiède de nos dirigeants : la gratuité de l’enseignement supérieur, des allocations chômage, des crédits d’impôt pour faciliter la garde d’enfants, un genre d’allocation familiale en somme. Il lui restera à essayer de mettre réellement en œuvre la loi santé connue sous le nom de l’Obamacare, et à trouver un accord sur la mise en place d’un salaire minimum décent. Cette partie « sociale » de son programme ne sera pas facile à réaliser entre des Démocrates partisans d’aller beaucoup plus loin et des Républicains effrayés de tant d’audace, digne d’un régime bolchevik.