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Santé et lois du marché
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 22 avril 2021 10:50
- Écrit par Claude Séné
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Font-elles bon ménage ? Certains pourront souligner que c’est grâce à la concurrence effrénée à laquelle se sont livrés les laboratoires pharmaceutiques et l’espoir de profits extrêmement juteux, que les vaccins contre le Covid 19 ont pu être mis au point dans un temps record. C’est un fait. Il ne doit pas occulter un autre fait, qui démontre que ce sont les états et les gouvernements qui ont financé la recherche et permis aux scientifiques, par leurs investissements, de disposer des moyens et du temps nécessaire pour gagner leur pari. Il faut souligner en particulier le rôle des États-Unis, et reconnaître que Donald Trump lui-même, malgré tous ses défauts, ne s’est pas opposé à cette politique.
C’est le laboratoire Pfizer qui est arrivé en tête de la compétition, parce qu’il a été le plus rapide, ce qui lui a donné un avantage concurrentiel majeur, malgré des conditions de fabrication et de conservation difficiles. Dans l’esprit du public, il est devenu la référence, bien avant que des effets secondaires rares viennent jeter la suspicion sur le vaccin britannique Astra Zeneca. À partir du moment où les gens ont le choix, ils vont évidemment privilégier le produit considéré comme le meilleur. S’il y a ne serait-ce qu’une chance sur un million, ce qui est le cas pour les vaccins basés sur un vecteur viral, de développer une maladie, en l’occurrence un caillot potentiellement dangereux, le consommateur de santé va probablement exiger le produit considéré comme le plus sûr. Pour peu qu’un gouvernement panique à l’idée de se voir reprocher d’avoir laissé circuler un vaccin sans avoir la certitude à 100 % de son innocuité totale, et nous aboutissons à la situation que nous connaissons actuellement au Danemark, et qui se propage dans toute l’Europe par capillarité.
On voit bien que le risque de thrombose n’est qu’un facteur aggravant de la demande sélective du produit réputé le meilleur, puisque la défiance touche tout autant le vaccin Moderna, dont la technologie est pratiquement identique à celle de Pfizer. La position du vaccin américain sur le marché est devenue celle d’une marque de référence, préférée aux sous-marques ou aux marques « distributeurs ». Même le prix, éventuellement inférieur, ne sera pas un argument du fait de la prise en charge collective de la vaccination. Le public pourrait même rejeter une vaccination « au rabais » comme le suggérait un « client » qui avait refusé d’être vacciné avec Astra Zeneca, comme l’y autorisait sa profession à risque, au motif qu’on lui manquait de respect en lui « refilant » un invendu. On voit par là tous les dégâts que peut faire une marchandisation de la santé. Que ce soit à l’hôpital public, dans le secteur privé ou dans la médecine de ville, il est primordial de rétablir la confiance dans la compétence et l’indépendance des personnels médicaux et paramédicaux. Et ça, ça n’a pas de prix.
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