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Coupables, forcément coupables
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 21 avril 2021 10:49
- Écrit par Claude Séné
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Le verdict en appel dans le procès des treize personnes suspectées d’avoir pris part à l’agression de policiers dans leur véhicule de service en 2016, a provoqué l’indignation des syndicats de police, qui accusent la justice de laxisme avec l’acquittement de huit des prévenus, contre cinq en première instance. On peut comprendre l’émotion légitime des collègues des victimes, dont la vie a été clairement menacée, et qui n’ont dû leur salut qu’à un concours de circonstances. Toutefois, en France, le doute doit profiter à l’accusé, et c’est la raison pour laquelle certains mis en cause ont été relaxés.
Il y avait une vingtaine de personnes qui ont pris part à l’agression au cours de laquelle des cocktails Molotov ont été utilisés, brûlant grièvement un des policiers et plus légèrement trois autres. Il manque donc numériquement au moins sept personnes sur le banc des accusés, et l’enquête n’a pas permis d’établir avec certitude que tous les prévenus faisaient partie des agresseurs. Pire encore, certaines transcriptions d’interrogatoire auraient été volontairement incomplètes, voire falsifiées, pour incriminer certains suspects. De l’aveu même du chef d’enquête, il existe donc des « doutes et des incertitudes » sur l’implication de certains accusés. Des avocats de la défense envisagent même de déposer plainte pour « faux en écriture ». Selon un des mis en cause, les policiers qui l’ont interrogé étaient plus préoccupés de trouver un coupable ou des coupables, que le coupable ou les coupables. L’impression que l’on a c’est que les policiers, qui se sentent menacés, veulent à tout prix des condamnations sévères, quitte à ce que des innocents payent pour les autres. En l’occurrence, l’enquête a été menée en dépit du bon sens, et l’on ne peut pas rejeter la frustration sur les jurés populaires ou les magistrats, qui se doivent d’appliquer la loi.
C’est pourtant ce que font, plus ou moins sournoisement, les politiques qui jouent sur la corde sensible du maintien de l’ordre et l’autorité de l’état. C’est ainsi que Xavier Bertrand tente d’occuper le terrain en réclamant une réforme de la constitution, rien de moins, pour appliquer une peine automatique et incompressible d’un an de prison, sans aménagement, aux auteurs de violence sur des policiers. À quoi cela servira-t-il s’il est impossible de démontrer la matérialité des faits ? Ses anciens amis de droite, aux Républicains, manient eux aussi joyeusement l’amalgame, en refusant l’impunité supposée dont bénéficieraient les fauteurs de trouble. Exceptionnellement, le ministre de la Justice s’est souvenu d’avoir été avocat dans une vie antérieure, et d’avoir défendu les droits de tout mis en cause à bénéficier d’un jugement équitable, une formalité que le candidat déclaré à la présidentielle semble vouloir enjamber sans autre forme de procès. Une indignation malheureusement trop sélective et trop rare.