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Ce que l’on ne sait pas
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 17 avril 2021 10:32
- Écrit par Claude Séné
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Hypocrite lecteur, tu es comme moi. Tu voudrais mieux comprendre les affaires intrigantes que les journaux regroupent dans une rubrique fourre-tout dont le titre même de « faits divers » montre le caractère inclassable et le fait qu’on ne peut pas les rattacher à des sujets dits « sérieux ». Tu as donc dû avoir envie comme moi d’en savoir plus sur l’enlèvement de la petite Mia, qui a fait l’objet d’une alerte cette semaine, en raison de ses conditions rocambolesques. La plupart des journaux y ont consacré des articles, dont le dénominateur commun serait l’ambition de faire le point sur : « ce que l’on sait ».
Sur ce sujet comme sur tant d’autres, ce que l’on sait vraiment n’est que la partie émergée de l’iceberg, peu de choses au regard du plus important, qui est : « ce que l’on ne sait pas ». La petite fille de 8 ans était confiée provisoirement à sa grand-mère maternelle. Deux personnes prétendant être des éducateurs de la protection de la jeunesse l’ont embarquée dans une voiture conduite par un complice, et l’ont remise aussitôt à sa mère, qui l’a emmenée vers une destination inconnue, possiblement à l’étranger. Un témoin a communiqué le numéro des plaques d’immatriculation des ravisseurs, ce qui a permis d’identifier quatre personnes, déjà suivies par la DGSI, qui s’apprêtait à les appréhender. Ces hommes, suspectés de préparer un attentat terroriste, se présenteraient comme proches de l’extrême droite, développant des théories conspirationnistes et se posant en Arsène Lupin redresseur de torts.
Le procureur de la République qui a fourni ces informations est beaucoup moins disert sur les circonstances qui ont amené à cette situation. La mère de Mia n’était pas autorisée à voir seule sa fille, en raison notamment de sa violence envers son conjoint, que l’on suppose être le père de l’enfant, mais dont on n’a apparemment aucune nouvelle. Cette maman était en rupture de ban avec la société, se soustrayant à tout suivi éducatif, et revendiquant son droit à vivre en marge, refusant de scolariser son enfant malgré un refus essuyé de scolarisation à domicile. Par déductions, on peut imaginer que les parents de Mia se sont séparés dès sa naissance, et que la garde principale en a été confiée au père. Celui-ci aurait fait appel à ses propres parents, qui disent avoir élevé Mia jusqu’à ses 5 ans, et souhaiteraient pouvoir la reprendre. Quant au grand-père maternel, apparemment en désaccord avec la grand-mère, il soutient sa fille et lui donne entièrement raison de s’être soustraite à la justice. Au cœur de l’histoire se trouve la question de la légitimité de l’intervention de l’état, représenté par ses services sociaux, tandis que par ailleurs on privilégie le maintien des liens familiaux autant que faire se peut. Qu’en est-il surtout du vécu de la fillette, dont ne sait strictement rien, alors que c’est le plus important ?
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