Palinodie

Oui, je sais, ce n’est pas un vocable très facile à placer dans la conversation courante, qui tourne tantôt autour de la crise sanitaire du Covid 19, tantôt sur le temps qu’il fait, ou qu’il ne fait pas, vu que leur satanée bombe a détraqué le climat, disait-on au siècle dernier. La palinodie est l’art de défendre une opinion contraire à celle que l’on a jusqu’alors professée, une figure de style proche de ce que le président Macron a résumé sous le terme de « en même temps », qui lui permet de décréter tout et son contraire en prétendant ne jamais se contredire.

Le sujet du jour concerne les élections régionales et départementales. Elles étaient originellement prévues en mars, ce qui aurait été à l’évidence compliqué à organiser en plein confinement probable. Les différentes forces politiques se sont donc mises d’accord pour les reporter au mois de juin prochain. L’affaire semblait pliée, jusqu’à ce que la majorité s’avise que les résultats probables de ces élections n’allaient pas être mauvais, comme prévu, mais très mauvais. Louis de Funès aurait dit : « c’est de la bouillie, tout ça ». D’où l’idée de reporter le report à l’automne, voire au printemps suivant, et pourquoi pas après les présidentielles de 2022, histoire de ne pas subir le contrecoup d’une défaite régionale annoncée et d’espérer un retournement de tendance. Encore fallait-il trouver une raison imparable pour ne pas apparaître pour ce qu’est le gouvernement : opportuniste. Le Conseil scientifique n’a pas voulu endosser la responsabilité d’un changement de date, mais a fourni un prétexte en béton massif en suggérant l’obligation pour les candidats et les assesseurs des bureaux de vote d’être à jour de leur vaccination contre le Covid. Une condition difficile à remplir dans l’état actuel de la campagne vaccinale.

Ce n’est pas tout. Le Premier ministre a été pris d’une affection de démocratite aigüe et tient absolument à demander leur avis aux 35 000 maires de France, au cas où ils ne suivraient pas les positions de leurs associations représentatives, favorables au maintien des dates. Jean Castex, que l’on a connu moins empressé à consulter le parlement, veut aussi mettre le sujet à l’ordre du jour des assemblées. En somme, non content de porter ceinture et bretelles, il veut également mettre bonnet et passe-montagne, par ces temps de pluie et de froidure inhabituelle. Chat échaudé craignant l’eau froide, Emmanuel Macron aimerait bien ne pas renouveler l’expérience malheureuse des municipales, maintenues en pleine pandémie, qui l’exposaient à toutes les critiques, quelle que soit sa décision. En mettant deux fers au feu, il espère probablement se préserver une porte de sortie jusqu’au dernier moment. C’est ce qu’il a fait avec le non-confinement, rebaptisé freinage, pour un résultat plus que mitigé.

Commentaires  

#1 jacotte 86 12-04-2021 12:09
a part les politiques concernés, qui se préoccupe de ces élections? l'urgence est ailleurs pour monsieur tout le monde, ce qui hélas pourrait bien faire l'affaire du président... pas vu pas pris!
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